Je vous ai dĂ©jĂ parlĂ© de tonton Olivier ici. Vous comprendrez alors combien son avis m’est prĂ©cieux. Aussi je me dĂ©vĂŞts de ma pudeur toute protestante pour vous dĂ©voiler son ressenti au sujet de Nicolas…
Et quel choc ! Je viens de lire Le Testament de Nicolas. J’en suis encore tout retournĂ©. Quel roman incroyable! A chaque livre tu vas un peu plus haut dans ton exploration. Im-pres-sion-nant.
Tu as au plus haut degrĂ© la capacitĂ© de te glisser dans un ĂŞtre qui n’est pas toi, et que pourtant tu comprends intimement – cette capacitĂ© qui me fascine tant chez Georges Simenon. On voit ton Nicolas, on y croit totalement, on l’entend, on le suit dans son dĂ©sarroi, dans ses contradictions, dans sa quĂŞte. Idem pour la rĂ©alitĂ© que tu Ă©voques, le voyage en Syrie, les camps d’entraĂ®nements, les Ă©mirs caressants, les camarades de combat, en bref un univers typiquement masculin, et que tu saisis et transcris avec un rĂ©alisme Ă©poustouflant.
Et par ailleurs, ton roman est aussi une fable. Une fable d’une puissance symbolique incomparable. Le lecteur en ressort sonnĂ©. Pas de jugement de valeur, pas de lourde pĂ©dagogie, pas de morale convenue, pas l’ombre d’une langue de bois, pas une once de catĂ©chisme. Ton livre est comme toi, d’une libertĂ© et d’une intransigeance sans faille.
Et quel art de la narration, quel art de raconter de manière haletante, d’accrocher le lecteur. Je n’ai pas lâchĂ© Le Testament de Nicolas du dĂ©but Ă la fin. Je gage que si un jour tu te mets au polar, tu vas casser la baraque. Il y a chez toi une maĂ®trise de l’ellipse, de la formule qui frappe, en bref une modernitĂ© qui t’est complètement naturelle. C’est une Ă©vidence. Tu n’as pas fini de nous Ă©pater.
Mille mercis pour ce magnifique cadeau…
Moi aussi, je ne l’ai pas lâchĂ©, et je confirme Ă 100% cette critique positive et mĂ©ritĂ©e ! En revanche, j’espère que tu ne t’engageras pas dans le polar. Je rĂŞve que tu poursuives dans la voix que tu as ouverte avec Nicolas. Si les prĂ©occupations que tu y dĂ©veloppes Ă©taient dĂ©jĂ dans plusieurs de tes prĂ©cĂ©dents livres, le style en est en revanche très diffĂ©rent. Il n’est pas meilleur ni moins bon, mais diffĂ©rent et je m’en sens plus proche. Aussi, en tant que lecteur, je prĂ©fĂ©rerais que ton chemin d’artiste se poursuive dans cette voix, mais je sais qu’on ne choisit pas son propre chant. On le dĂ©couvre et on donne le meilleur de soi-mĂŞme lorsqu’on s’y plie. Quand on s’essaye Ă autre chose, on se coupe les ailes. Alors continue Ă suivre ton inspiration. Ca te rĂ©ussit plutĂ´t bien, non ?