Jamais mis les pieds en Ecosse. Du Royaume-Uni, fréquenté un peu l’Angleterre, flirté aussi avec Dublin, souvenir plus qu’agréable. Mais de l’Ecosse je ne sais rien, si ce n’est un ou deux écrivains, natifs d’Edinburgh mais pas Ecossais pour de vrai. D’ailleurs on ne dit pas Ecossais, on dit Britannique…
De l’Ecosse, je connais encore une série (américaine celle-ci), qui m’a rendue les hautes terres sympathiques, les basses aussi : Outlander. Où une infirmière anglaise du siècle 20 se trouve transportée dans le siècle 18, en plein coeur des tourments de l’Ecosse. Plus loin, siècle 21, il y a la robe jaune poussin de mon éditrice britannique (pour ne pas dire écossaise), son prénom à l’orthographe incongrue, son accent sublimé par les vapeurs du thé anglais que nous avons partagé en une Coupole parisienne, café chic pour dames à gigolos (je n’en ai pas, mon éditrice non plus, trop jeunes encore et pas assez fortunées).
Ainsi, Edinburgh l’imprononçable est vierge de moi, le monstre du Loch Ness ne me connaît pas, la mer du nord ne m’a jamais touchée, mais je m’en vais découvrir les Highlands (plutôt les Low). Tout à fait comme Christophe Colomb, qui découvrit des Indiens dans une Cuba qu’il prenait pour le Japon.
Et puis, aventurière de mon état, façon siècle 19, j’écrirai un succès de librairie
Voyages et aventures d’un explorateur,
savant, géographe, naturaliste,
dans les terres sauvages, inexplorées, inconnues et gelées du grand nord de l’Europe barbare.
Je le signerai Sir Richard Bessora Burton dit le Nègre blanc. Je serai bien obligée de falsifier un peu mon identité, car sinon personne ne voudra me croire aventurier colon post-moderne (me manquent le lignage et la moustache).
Pour en revenir au vrai moi, le moi non falsifié, c’est Alpha, que m’en vais présenter à l’Ecosse. Notez bien, il s’agit d’un livre, et non d’une personne. Mais le livre, la fiction surtout, personnifie l’expérience. L’art est un chemin mystérieux qui, par le mensonge, vous mène à la vérité. Du moins l’une d’elles.
Ainsi Alpha. Dans le livre, il nous questionne :
Clandestin, ça veut dire quoi ? Pour moi on est des aventuriers. Indiana Jones lui-même serait mort huit fois s’il avait dû endurer ce qu’on subit chaque jour.
Vivre, c’est se fabriquer un destin, prendre le risque d’arriver à quelque chose, si possible quelque chose de bien. Telle pourrait être la devise d’Alpha (même si tout le monde ne sera jamais d’accord sur le sens à donner à « quelque chose de bien »).
Le problème d’Alpha ? Survivre. Alpha est un type comme vous et moi, sauf qu’il doit retrouver sa femme et son fils disparus en Europe.
Alors il nous dit l’urgence de son voyage. Il nous dit son courage. Il nous dit ses espoirs, et ses désillusions. Il nous dit son humour. Le rire, c’est aussi une question de survie.
Il parle, nous l’écoutons. Il marche, nous l’accompagnons. Peu à peu, nous nous rendons compte qu’il fait partie de notre famille. Et nous de la sienne. Impossible de le regarder de haut, ou de loin : on voudrait juste qu’il s’en sorte.
Je suis assez fière qu’Alpha, depuis Abidjan, ait réussi à gagner l’Ecosse…
Une fierté légitime. Je crois sincèrement qu’Alpha ira encore plus loin.
Et puis je voudrais relever deux phrases particulièrement belles dans ton article :
« L’art est un chemin mystérieux qui par le mensonge vous mène à la vérité, du moins l’une d’elle. »
« Vivre, c’est se fabriquer un destin, prendre le risque d’arriver à quelque chose, si possible quelque chose de bien. »
Pour moi, ce sont deux magnifiques poèmes. J’irais même jusqu’à prendre la seconde en épitaphe si je ne préférais l’incinération.
On saura tout ! Et tes cendres, on les met où ? 🙂