Comment peut-on en arriver lĂ ?
… RESCAPEE D’UNE CLINIQUE WALLONNE…
C’Ă©tait l’hiver, il neigeait dru et c’Ă©tait leur premier enfant bruxellois. Quand il la vit, son pĂšre lui dit : « Tu es une Lady, nous t’appelerons Gladys, tu iras au bal des dĂ©butantes ». Sa mĂšre rĂ©pondit quelque chose d’intraduisible car c’Ă©tait de l’Allemand. Et elle conclut, en français de la Nouvelle-OrlĂ©ans : « Taratata, elle s’appellera Tatiana ». Alors, un aĂŻeul Ă ailettes transulcides voleta au-dessus de son berceau et trancha : « Elle s’appellera Bessora, celle qui tranche avec un grand couteau, car il faut trancher, et elle-mĂȘme emem tranchera, vous verrez ». Lustrant ses ailes de fĂ©e, l’ancĂȘtre fit la promesse que Bessora serait aussi Celle qui partage avec un grand coeur. VoilĂ . VoilĂ pourquoi Bessora est une peau de vache au coeur relativement tendre.
… LA PREUVE… ELLE A PORTE DES TAILLEURS AMERICAINS
AprĂšs un scolaritĂ© brillante et gĂ©ographiquement dispersĂ©e⊠â oui, papa was a Rolling Stone â, Bessora fit des Ă©tudes brillantes et dispersĂ©es. Oui, elle Ă©tait la chouchoute de son professeur dâinfĂ©rence et dĂ©cisions statistiques. Personne nâa jamais songĂ© Ă lâexclure dâHEC bien quâelle y trainĂąt son ennui sous une cape grise et un feutre noir. AprĂšs HEC, elle mena une carriĂšre professionnelle tout Ă fait brillante et dispersĂ©e, genevoise et made in USA. Personne nâa jamais songĂ© Ă la licencier de sa premiĂšre boĂźte yankee parce que, paraĂźt-il, elle portait bien le costume de Golden Girl. Alors un jour, elle prĂ©tendit quâelle avait lâutĂ©rus tendu. Et disparut.
ParachutĂ©e dans une banque dâinvestissement US, elle sâen est rapidement Ă©jectĂ©e : elle nâĂ©tait pas tout Ă fait sĂ»re â encore que- de partager lâidĂ©e selon laquelle il fallait gazer les Indiens rebelles pour prĂ©server le cours des actions mexicaines ( oui⊠oui⊠protĂ©geons les Ă©conomies des pays Ă©mergents). Alors un jour, elle prĂ©tendit que son ovaire (le gauche) avait disparu. Et quâelle devait Ă tout prix partir Ă la reconquĂȘte de son organe reproducteurâŠ
… ELLE EST DONC DEVENUE HUMANITAIRE SANS FRONTIERES…
Plus brillante que jamais et toujours aussi dispersĂ©e, Bessora rĂ©solut de faire un grand voyage en Afrique du sud. Il lui semblait quâune mission humanitaire contre lâapartheid ( maladie auto-immune, latente ou dĂ©clarĂ©e chez tous les individus du groupe sanguin O+), serait un bon moyen de soigner ses tensions utĂ©rines et de retrouver son ovaire gauche ; son engagement sans frontiĂšres nâĂ©tait donc pas dĂ©sintĂ©ressĂ©…
… MAIS ELLE SE RACHETA EN DEVENANT MEDECIN,
EN ANTHROPOLOGIE DE SALON…
De son Ă©gocentrique aventure sud-africaine, Bessora retira le besoin irrĂ©pressible de devenir docteur en anthropologie, Ăšs mĂ©moires pĂ©troliĂšres du Gabon. Aussi dĂ©barqua-t-elle Ă Paris. Elle qui nâavait connu que le confort des passeports diplomatiques ( oui, papa was a Rolling Stone), dĂ©couvrit les affres des bouges parisiens. Mais elle en avait vu dâautres. Et on ne la lui fait pas. LĂ . Aussi montra-t-elle patte blanche (sa maman nâĂ©tait-elle pas dâascendance franco-polono-germanique et suisso?) et reprit-elle des Ă©tudes brillantes et dispersĂ©es.
Elle est donc bac+27 avec les fĂ©licitations du jury, mais hĂ©las, son pĂšre est toujours si noir quâil en paraĂźt bleu…
… ET VRAIMENT, ELLE NE SUPPORTE PAS LES TALONS HAUTS…
Alors elle sâest mise Ă Ă©crire des livres.
Quand tây entres, câest comme un bain tiĂšde Ă lâhuile essentielle de rose…
et tout Ă coup ça gratte…
Et tu comprends – trop tard – que c’Ă©tait de l’acide