Bonjour, je m’appelle Bianca, j’ai cinq ans, le cheveu blond vénitien, et un joli prénom je trouve.
Je suis née un an avant le mariage de mon père, je suis naturelle, quoi. Lui s’appelle Cosme, c’est un Toscan. Papa a seize ans et des poussières quand je nais. Maman, on n’est pas très sûr, mais je la crois une fille de Trebbio, ou de Florence, je préfèrerais.
On m’appelle la Bia parce que je suis la bambina nommée Bianca, et, même si la femme de mon père ne tolère ma présence en son palais, papa m’aime bien et ma grand-mère aussi.
J’habite chez elle au nord de Florence avec tous les enfants de mon père, et ceux de mes oncles. Nos gouvernantes s’occupent très bien de nous, mais elles ne décident de rien, c’est papa et nona qui choisissent. Les livres, la musique, les habits, tout, ils choisissent et les gouvernantes obéissent.
Résultat, je suis bien habillée, bien élevée, je lis presque couramment et je m’y entends en musique. Tout pour être heureuse et bien mariée. Le problème, c’est cette fièvre. Giulia l’a attrapée en même temps moi. Giulia est ma cousine, naturelle comme moi, et ce naturalisme nous vaut de partager la même chambre, et la même maladie. Mais Giulia supporte la fièvre mieux que moi, beaucoup mieux même. Aujourd’hui, je suis morte alors qu’elle est guérie.
Dans six mois, la crypte de San Lorenzo bruira de l’écho d’une belle nouvelle : papa est père à nouveau, d’une petite Isabella. Elle aura le cheveu vénitien comme moi. Mais elle ne sera jamais moi, n’est-ce pas ? Alors, un magicien du nom d’Agnolo Bronzino me ramènera à la vie à partir de mon masque mortuaire. J’habite un portrait, celui qu’il a peint pour consoler mon père, et pour que les siècles se souviennent de moi. Je suis Bia, Bia de Médicis.
Émouvant et magnifique surtout quand on a toujours été fasciné par ce tableau.