Si les langues étaient des personnes, le français serait mon Jules et l’anglais mon amant. Escapade anglaise amoureuse, donc, au Pop Up Lab de Peterborough. Le Pop Up Lab, c’est lui. Et l’amant c’est elle.

Pour autant que l’anglais activist et le français activiste ne soient pas faux amis, Sarah est une activiste de la traduction. Présentez-lui un roman écrit en français, et elle le guérit de sa langue maternelle.
S’activant beaucoup, ma militante a traduit le texte, mais aussi les images, de notre Alpha transnational. Occasion pour moi de me reconnecter au monde anglophone, cet anglais, mon amant depuis mes 4 ans.
En effet, j’ai été mariée très jeune au français. Dès avant la naissance, je lui étais promise, et c’était un mariage forcé : en principe, j’aurais dû épouser l’allemand, peut-être même le polonais. Mais le français m’épousa, non celui de Césaire ou de Molière, mais celui du roi des Belges, pour commencer, puis celui du pays vaudois, pour continuer, et ensuite beaucoup d’autres celui.
A peine ce mariage est-il consommé que, badaboum, l’anglais entre dans ma vie : années 70, banlieue chic, Washington (DC). Je n’ai que quatre ans, mais déja je me dis tiens c’est chouette  un amant. Clandestine, notre relation est intense deux ans durant. Ensuite je retourne à mon mari, français maternel, paternel aussi quoiqu’il ne fût pas maternel de papa.
Interdite d’adultère pendant des années, j’ai grand plaisir à retrouver mon amant au collège, où mes notes en anglais sont très bonnes, malgré un accent et une grammaire déformés par ma relation maritale. Pourtant, l’anglais et moi nous aimons.
Cet amour est indĂ©fectible, mĂŞme si, en grandissant, je me rends compte qu’aux yeux de certains, qui parfois se nomment Jeanne d’Arc ou Franco de Phonie, l’anglais est un ennemi, plus nĂ©faste encore que le nuisible allemand, gĂ©nĂ©ralement un Nazi (il suffirait d’observer le visage d’Angela Merkel pour s’en convaincre). Alors je garde l’amant, mon Jules s’en accommodant, comme il tolère la part germaine de sang qui me coule dedans non loin d’autres fluides, bwitistes ou protestants.
C’est vous dire le bonheur que fut cette rencontre au Pop Up Lab, même si je ne suis pas sûre de m’être toujours bien exprimée face à  ces Anglais de souche parfois lybienne. Sans doute, j’ai employé moult faux et fausses amies. Tel public school, quand je voulais parler d’école publique. Or en ce royaume uni, public school est une école privé, very expensive.
Si donc un jour, vous devez évoquer l’éducation nationale à Peterborough, préférez state school à école privée. Ensuite vous regagnerez Londres par le train de 02h09 PM, et vous prendrez place dans la voiture E, place 48. Là vous attendra un parapluie, oublié par le précédent locataire. Vous adopterez ce parapluie anglais, et vous lui promettrez un tour du monde, en passant par la Lorraine et  le tunnel sous la manche.
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