• Skip to primary navigation
  • Skip to main content
  • Skip to primary sidebar
  • Skip to footer

Bessora

Tendre peau de vache

  • Accueil
  • Bio
  • Bibliographie
  • Contact

De la pilosité dans le règne préfectoral (de 53cm)

mai 9, 2016 par Bessora 1 Comment


J’éprouve un besoin urgent de rangement : un foutoir sans nom a élu domicile fixe dans le salon de mon appartement. Je décide d’entamer une procédure d’expulsion de ce bordel clandestin.

(Un extrait du roman « 53 cm »)


.

Calais

 

 

Peluches malodorantes, divers textiles made in Taïwan, par les enfants esclaves. Il y a aussi un tee-shirt made in les ateliers de confection des esclaves asiatiques made in Paris.
J’allume la radio. Véronique Sanson chante qu’elle n’a besoin de personne. Moi, j’ai besoin d’un aspirateur. Je le déniche dans les toilettes ; ces mêmes toilettes qui planquent parfois un autre outil de rangement : le charter. Je noue mes cheveux, que j’ai d’ailleurs magnifiques. Je ne comprends pas que les étrangers qui ont de beaux cheveux soient expulsables ; mais dans le règne préfectoral, tout le monde se fout de la pilosité.

.

Team-15

 

Une heure plus tard, j’ai bien avancé dans mon ménage : la maison de l’étranger ne pue plus ; j’ai juste oublié de jeter mes poubelles par la fenêtre. La porte sonne. Je l’ouvre sur une jeune Blanche vanillée, nez écrasé, cheveux roux crépus, bouche rose cerise, en forme de banane. Elle porte un épais dossier :
— Bonjour ! Hermenondine Dumas, inspectrice à la Caisse d’allocations familiales. Vous avez demandé une allocation ?
— Absolument. Mais entrez donc !
J’ai bien fait d’entamer ma procédure d’expulsion de foutoir : elle pourra noter mon fort degré d’intégration. Elle entre, se penche pour voir ce que dissimule le fond de mon couloir. Rien. Elle regarde autour d’elle, s’arrête un moment sur la vieille girafe de Marie, et pousse un soupir de soulagement : oui, je suis vraiment célibataire ; oui, Marie est vraiment ma fille de six ans.

.

blanc-4

Je lui offre une chaise bancale. Elle sort sa paperasse, me demande ma dernière facture d’électricité.
— Vous prendrez bien un kir, mademoiselle Dumas.
Elle allume une gauloise filtre. Je lui apporte son kir, l’accompagne d’une bière blonde et d’un Carambar. Elle me raconte sa biographie : son arrière-arrière-grand-mère s’appelait Aimée Césette. Elle exerça le métier d’esclave mulâtresse à Haïti, entre 1762, l’année de sa naissance, et 1806, l’année de sa mort. Elle avait un frère jumeau, Alexandre. Quand le père des jumeaux, un M. Davy de la Pailleterie métropolitain, voulut quitter Haïti pour rentrer en France, il vendit ses enfants mulâtres et leur mère négresse à un planteur blanc, pour payer ses frais de voyage. Quelques années plus tard, il racheta son fils, mais pas Aimée, et encore moins leur mère. Il donna son nom à Alexandre et le fit monter à la métropole où l’enfant affranchi devint général bonapartiste et père d’Alexandre Dumas, l’auteur du Comte de Monte-Cristo et des Trois Mousquetaires.

.

general1

C’est fou cette histoire, les fonctionnaires seraient-ils donc des mammifères comme les autres ?
Mademoiselle Dumas me glisse quelques conseils pécuniaires, m’avoue espérer que la CAF me donnera des sous. C’est fou.
Elle avale sa dernière gorgée de kir, prépare son carnet, son stylo, et les déclarations que j’ai remplies à leurs guichets :
— Vous vous nommez Zara S… Sem… Andock ; vous êtes née  à Bruxelles, d’une mère suisse romande et d’un père fang gabonais ? Mais qu’est-ce que vous faites en France ?


La Suite !

.

Filed Under: Bouts de Romans & Critiques, Celle qui tranche Tagged With: 53 cm, CAF, Calais, Dumas, Hair Chain

Reader Interactions

Comments

  1. François Prunier says

    mai 16, 2016 at 4:39 pm

    Ah ce style foisonnant, rapide, plein d’humour et de poésie déjantée !

    Répondre

Répondre à François Prunier Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Primary Sidebar

Je suis écrivain, ghost writer et scénariste, contactez-moi !

Les auteurs et les autrices sont-ils légitimes à écrire sur des sujets qui ne les concernent pas intimement L’écrivaine Bessora s’exprime sur le plateau de #28min.

https://t.co/T20UNCzWZk pic.twitter.com/N7Ok4EygnG

— 28 minutes (@28minutes) April 13, 2021
Le flux Twitter n’est pas disponible pour le moment.

« 53 cm » lu par Aminata Aidara

https://youtu.be/HVcKlq78bMw

Loupiac !

Nouvelles traductions !

Après sa publication au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, en Espagne et en Croatie, Alpha poursuit sa route ! Prochaine étape : la Slovénie !
Pour la suite, je vous concocte un roman franco-germano-sud-africain...
Bon, c'est pas tout ça, j'ai rendez-vous avec mon garagiste, je file ! pic.twitter.com/UlQzAwSfD9

— Bessora (@BessoraOnOff) January 31, 2020

Echos…

« On s'est habitué à un système où la rémunération de l'auteur sert de variable d'ajustement », regrette la présidente du Conseil permanent des écrivains https://t.co/Z1AhKgnbXC

— Les Echos (@LesEchos) February 20, 2020

Ecoute-moi sur Radio Canada !

Newsletter

Citizen Narcisse et son gilet jaune

https://www.youtube.com/watch?v=xEX-pGX8G8A

Adhérer au SNAC


Flux Du côté du Snac

  • L’IAG un an et demi après la table ronde au FIBD 2024 avril 6, 2025 SNAC
  • 9e art+ : la bulle est pleine ! avril 1, 2025 SNAC
  • Lettre ouverte collective – Réforme TVA mars 21, 2025 SNAC

Footer

Copyright © 2025 · News Pro sur Genesis Framework · WordPress · Log in