Elle s’appelait Gaëlle et je l’ai accompagnée à la piscine, une fois.
J’aimais bien ses grands cheveux noirs, sa silhouette de jeune fille et sa voix qui portait plus loin que celle d’un ogre.
Mais voilà, petit à petit, elle n’est plus venue. Absences intermittentes, au départ. Et elle n’est plus venue du tout. Alors on a su qu’elle avait mal au dos, tellement mal qu’elle ne pouvait plus monter chaque matin les trois étages qui la séparaient du CM1 B, où elle délivrait l’éducation nationale à nos enfants.

Nos enfants, elle avait dit qu’ils lisaient encore mal.
Elle avait dit ça à la réunion de septembre, en début d’année, vous savez, après le speech annuel de la directrice dans le préau. Alors bon, nos enfants étaient relativement analphabètes, d’accord, mais elle avait dit c’est pas grave, je vais vous les lettrer moi, en français, en anglais et en mathématiques.
Elle avait promis.
Moi, j’ai promis de l’accompagner à la piscine.
J’ai tenu mes engagements.
Son dos nous a trahis.
Y en a eu des mots d’absence dans le cahier de correspondance…
Et plein, plein, plein, plein, plein, plein de remplaçants différents. Quand y en avait. Y en a eu un, il était tellement lettré qu’il confondait l’infinitif et le participe passé.

Sa voix d’ogre, ses grands cheveux et sa silhouette de gamine ont manqué quelques temps aux enfants.
Et puis début 2011, la directrice nous a trouvé une nouvelle institutrice, jeune et pleine d’allant. Elle s’appelait Lucie.
Seulement voilà, petit à petit Lucie n’est plus venue non plus.

On ne sait toujours pas si c’est un problème de dos, ou de dépression nerveuse.
Mais Lucie a commencé à ne plus venir juste après les vacances de février, qu’elle avait prolongées d’une semaine pour cause de maladie.
Et la maladie s’est prolongée jusqu’à avant-hier pour cause de certificat médical.
A l’heure où j’envoie cette bouteille à la mer, Lulu n’est toujours pas revenue. Lulu où es-tu !

La directrice comble ces absences avec sang-froid : un remplaçant par ci, une remplaçante par là, un troisième de ce côté-ci, un quatrième un peu plus bas. Les enfants sont même allés salle Pleyel la semaine dernière pour écouter Beethoven. C’est une chance. Parce que jusqu’au dernier moment, vu que la maîtresse n’était pas là, on ne savait pas si on irait. La directrice a beaucoup cogité avec le remplaçant de l’époque (entretemps, il a changé). Et finalement on y est allé. Et puis on a trouvé une autre remplaçante.
Seulement ce matin, la remplaçante du remplaçant de la remplaçante de la maîtresse malade était malade elle aussi.
Si.
C’est le printemps. Le passage à l’heure d’été, tout ça, ça vous flingue le remplaçant.
Mais attention… il adore son métier : c’est le plus beau du monde.
Parce qu’enseigner, tu vois, c’est comme entrer au couvent. Un jour t’entends des voix, comme Jeanne d’Arc, tu sais, et vlan te v’là missionnaire de l’église ou de l’éducation nationale. Bonne sœur ou institutrice, ton coeur balance.
L’instit c’est comme une bonne soeur : riche de toutes les vertus et vierge de tous les vices.
L’instit, c’est le « gens bien » par excellence. C’est qu’il en faut ma bonne dame du dévouement pour lettrer les enfants !
Ma foi… y aurait un paquet d’exceptions au mythe général que ça ne m’étonnerait guère.
L’Instit, ce nec plus ultra de la fonction publique.
L’Instit, cet emblème de la République, à l’heure d’hiver comme à l’heure d’été.
Faudrait voir à pas le confondre avec le curé, même quand il se prend pour une icône religieuse au chocolat.
L’Instit, ce rempart contre l’ignorance !
Ma fille en aura eu une dizaine cette année. Quelle chance ! Elle sortira de l’école encore plus savante !
Les profs vont se marrer avec l’afflux d’enfants Libyens, Syriens, Érythréens, etc.
T’as pas connu les écoles poubelles où les profs se font frapper, où les élèves roulent des joints en classe, où la moitié des profs sont absents pour cause de dépression. Certaines filles se faisaient prostituer à la vu de tous dans les toilettes.
Mai heureusement que la gauche antiraciste et pro-sioniste est là pour encadrer la vague de Mouk casquettes à l’envers.
Les enfants de ta race de pu teint ne placeront jamais leurs enfants à l’école publique.
Demande à Manuel Valls le Blanco Pro Gazaoui…
Les profs vont se marrer avec l’afflux d’enfants Libyens, Syriens, Érythréens, etc.
T’as pas connu les écoles poubelles où les profs se font frapper, où les élèves roulent des joints en classe, où la moitié des profs sont absents pour cause de dépression. Certaines filles se faisaient prostituer à la vu de tous dans les toilettes.
Mai heureusement que la gauche antiraciste et pro-sioniste est là pour encadrer la vague de Mouk casquettes à l’envers.
Les enfants de ta race de pu teint ne placeront jamais leurs enfants à l’école publique.
Demande à Manuel Valls le Blanco Pro Gazaoui…