Pierre C., le boucher de Saint-Germain-en-Laye

On ne l’a plus revue depuis le 6 avril dernier, c’est Ă  dire depuis ce matin.

Sa dernière fille, YaĂ«l B., a retrouvĂ© une image d’elle collĂ©e sur le frigo, accompagnĂ©e de cette inscription : « Pierre C. m’Ă  tuer »

PIERRE C. M’A TUER………………………………………..

Après analyse, il s’agit bien de l’Ă©criture de Bessora.

Une autre expertise confirme que ces lettres ont été formées avec la pâtée de son chat, monsieur G.

DirigĂ©s par l’inspecteur Jessie Bock, les enquĂŞteurs s’orientent dĂ©jĂ  sur la piste du crime compassionnel.

Le principal suspect, Pierre Cornuel, dilettante notoire de la peinture, de l’illustration, du couscous, et surtout de la moule, a Ă©tĂ© interrogĂ© dès tout suite.

– La dernière fois que je l’ai vue, c’Ă©tait au tĂ©lĂ©phone, a-t-il affirmĂ©.

À cette aberration, il a ajouté le grotesque :

– Elle me faisait une blague idiote sur deux grains de sable perdus dans le dĂ©sert, et puis… plus rien.

Cherchant Ă  se disculper auprès de l’opinion publique, Pierre Cornuel a fait diffuser cette photographie dans les plus grands mĂ©dias.

Elle et moi…, nous Ă©tions les meilleurs amis du monde (photo : CĂ©line Nieszawer)

Il a aussi profitĂ© d’accointances diverses pour faire publier un fallacieux Ă©loge de sa victime. IntitulĂ© Bessora, Ă©crivaine et Romancière, cet article est paru dans le Monde des Livres de tout Ă  l’heure.

« Bessora, écrivaine et romancière. Peintre des mots et du présent. J’ai rencontré Bessora la première fois chez Sofab, via Sophie Chédru. Elle avait l’air z’Antilles et même un peu timide. Erreur ! Elle préparait alors son roman « Cueillez-moi jolis Messieurs… ». Quelques jours plus tard nous nous retrouvions chez « Léon de Bruxelles » début de notre complicité. Le garçon postillonnait dans ses moules au curry… Depuis elle se venge sur son blog. Incontournable. »

Le procédé est classique : le bourreau transforme sa victime en tortionnaire.

Et il brouille les pistes : interrogĂ© par les enquĂŞteurs, le chat de Bessora, monsieur G., certifie que Pierre Cornuel n’a pas connu Bessora Ă  l’Ă©poque de Cueillez-moi Jolis Messieurs, mais Ă  celle de Petroleum.

– Monsieur Cornuel, dit ce chat, cherche Ă  salir la rĂ©putation de ma maĂ®tresse. Il l’a connue bien avant la date qu’il prĂ©tend. Ils se sont rencontrĂ©s quand elle Ă©crivait Petroleum. Je n’Ă©tais pas encore nĂ©, mais je m’en souviens très bien. Ce monsieur harcelait notre mère. Demandez Ă  ma petite soeur.

Mais YaĂ«l B., dix-sept mois, n’a pas souhaitĂ© s’exprimer.

La victime et son bourreau peu avant le drame

D’autres tĂ©moins ont Ă©tĂ© interrogĂ©s, tel Arlette B., femme au foyer, qui suivait les cours de dessin de Pierre Cornuel.

– Non, a-t-elle dĂ©clarĂ©. Non, a-t-elle encore ajoutĂ©. Non, a-t-elle finalement conclu.

De l’avis de Boris M., un vieil ami de Pierre Cornuel, le prĂ©sumĂ© coupable serait un homme frĂ©quentable.

– C’est un bon p’tit gars, mon Pierre. Ces derniers temps, il faisait tout son possible pour restaurer son image, un peu Ă©cornĂ©e par une histoire de vol de confiture Ă  l’Ă©talage. Non, il n’aurait jamais pris le risque de portraiturer cette… comment vous l’appelez dĂ©jĂ , Bassorah ?

Et pourtant, un expert de la cour pĂ©nale conclut, photos et mesures Ă  l’appui : « Les traits phrĂ©nologiques de monsieur Cornuel sont typiquement ceux du FĂ©tichiste ».

SpĂ©cimen de tĂŞte d’assassin. Et voyez la contrainte exercĂ©e par le bourreau !

On apprend que… le serveur, qui postillonnait prĂ©tendument dans les moules au curry de Bessora, vient de se manifester auprès des autoritĂ©s.

– Ah oui, a dĂ©clarĂ© ce tĂ©moin de dernière minute. Je me souviens d’elle, mĂŞme si ça fait très longtemps. Ce jour-lĂ , elle est arrivĂ©e au restaurant vers midi,. Elle n’a pas voulu passer commande tout de suite parce qu’elle attendait quelqu’un. Il est arrivĂ© avec une demi-heure de retard. Elle ne lui a pas fait le moindre commentaire dĂ©sagrĂ©able. C’Ă©tait vraiment une très gentille fille. Seulement Ă  un moment, elle l’a appelĂ© Tonton. Il est devenu vert de rage. Il lui a dit… Ah oui… c’est ça qu’il lui a dit : « ArrĂŞte de m’appeler Tonton comme si j’Ă©tais ton grand-père, tu vas faire fuir les jeunes filles ! Si tu continues, tu vas y passer ! ». Oui, c’est ça qu’il a dit. La pauvre petite, elle avait l’air terrorisĂ©. Et puis ils sont partis… Alors elle y est passĂ©e ? Il l’a exĂ©cutĂ©e avec ses pinceaux ? Quoi ? Et en plus c’est un rĂ©cidiviste ? Mais que fait la justice !

L’Ă©teau se resserre autour de Pierre C…, que l’on surnomme dĂ©jĂ  Le Boucher de Saint-Germain en Laye.

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2 réponses à Pierre C., le boucher de Saint-Germain-en-Laye

  1. François Prunier dit :

    Ce Pierre Cornuel ne m’a jamais inspirĂ© confiance… De toute façon, quelqu’un qui prĂ©tend t’avoir vue au tĂ©lĂ©phone… Mais j’aime la façon dont il te dessine… Il devrait se lancer dans la BD Ă©rotique et te croquer avec une cravache… Ouille ouille ouille ! Non pas la cravache s’il te plaĂ®t ! Pas ça !! Ligote moi plutĂ´t au lit avec ta sandalette attachĂ©e sur mon nez !

  2. François Prunier dit :

    Ce Pierre Cornuel ne m’a jamais inspirĂ© confiance… De toute façon, quelqu’un qui prĂ©tend t’avoir vue au tĂ©lĂ©phone… Mais j’aime la façon dont il te dessine… Il devrait se lancer dans la BD Ă©rotique et te croquer avec une cravache… Ouille ouille ouille ! Non pas la cravache s’il te plaĂ®t ! Pas ça !! Ligote moi plutĂ´t au lit avec ta sandalette attachĂ©e sur mon nez !

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