J’écoutais ce grand garçon, chevelu, je crois un syndicaliste. Au vu de son hirsutisme militant, je dirais qu’il s’agissait d’un auteur, probablement de B.D. Il exposait, en langue des signes traduites dans des bulles dessinées, qu’un ministre avait encore raboté ses revenus : maintenant il paierait 8% de cotisations vieillesse, quelquefois 12, sans parler de la TVA qui avait doublé, alors qu’il gagnait à peine le SMIC.
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Comme je regardais ailleurs, mon compère crut que je ne l’écoutais pas. Il me prit pour une ennemie de la cause, du genre féminin (les hormones mâles dominant la gente bédéiste).
Pourtant, moi qui gagnais deux fois moins que le SMIC, j’étais absolument d’accord, la solution était dans les prélèvements patronaux. Je regardais justement du côté de nos maîtres, les vampires-diffuseurs. Et je pensais : il faut bien qu’ils nous nourrissent, sinon ils n’auront plus eux-mêmes de quoi s’alimenter. Un ogre digne de ce nom n’engraisse-t-il pas sa victime avant de s’en repaître (voir à ce sujet Hansel et Gretel) ?
Je hurlai, dans leur direction :
Vous voulez mon hémoglobine ? Alors payez, payez, payez !
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Durs d’oreille, ils n’y entendirent pas grand-chose. Mon compère bédéiste, lui, eut un moment de stupeur vague, puis abonda dans mon sens. Seulement, me dit-il, nos maîtres sont pareils aux pirates qu’ils fustigent, ces téléchargeurs illégaux et autres libertaires qui tuent leurs métiers : notre sang, ils veulent le consommer gratuitement.
À ces mots, un vampire s’avança, toutes canines dehors :
Acquitter la moitié de vos cotisations, comme dans le monde salarié ? Et pourquoi pas une rémunération équitable, tant qu’on y est !
Il vilipenda la société moderne et le code du travail, nuisibles à l’auteur, et glorifia le servage, meilleur modèle social possible pour lui : l’auteur n’a-t-il une mentalité d’esclave ? Il paierait pour qu’on le produise ou le publie. Leur faire l’aumône est donc suffisant, reprit ce vampire dentu.
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.Au nom de quoi, d’ailleurs, prendraient-ils une retraite ? Déjà qu’ils ne foutent rien. Qu’ils crèvent et qu’ils pourrissent 70 ans : une fois passé ce délai, c’est 10% de plus dans nos poches : l’argent qu’on n’a plus à verser. On ne va quand même pas dédier ces 10% aux auteurs vivants, non ?
Pardon ? Si ?
Comment si !
François Prunier says
De l’humour, de l’imagination et un juste combat !
C’est Bessora, quoi !
C’est pour ça qu’on l’aime.
…
Mais bon, quitte à nous asservir, j’aimerais mieux que les éditeurs soient de jolies filles à cravache et pieds qui puent 🙂 Là, bon, peut-être que je cèderais mes droits contre quelques crachats…
Bessora says
🙂
François Prunier says
De l’humour, de l’imagination et un juste combat !
C’est Bessora, quoi !
C’est pour ça qu’on l’aime.
…
Mais bon, quitte à nous asservir, j’aimerais mieux que les éditeurs soient de jolies filles à cravache et pieds qui puent 🙂 Là, bon, peut-être que je cèderais mes droits contre quelques crachats…
Bessora says
🙂
Le vrai et seul Bruno says
OUI ! A poil les auteurs et surtout les « auteuses ».
JNVSTP
Le vrai et seul Bruno says
OUI ! A poil les auteurs et surtout les « auteuses ».
JNVSTP
Bobo Julian says
Sacrément. Les auteurs à poil? On aurait tout vu !
Bobo Julian says
Sacrément. Les auteurs à poil? On aurait tout vu !