Salon du Livre parigot oblige, ci-dessous un petit morceau de mon roman n°2 :
« Vendredi 15 septembre 2000.
20 heures. A table. Les petites jambes de Magnolia, ainsi baptisée en hommage à Claude François, se balancent sous la table à manger héritée de mamie Renée.
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Longue femme au cheveu brun, ossature solide, pantalon à pinces et chemise de soie. Sort de la cuisine. Soupière en étain dans les mains. Ballerines noires aux pieds. Bianca Lévêque verse deux louches de soupe à son concubin, Bernard, une autre à sa fillette de sept ans, une dernière à elle-même.
— C’est de la soupe à la tomate biologique, déclare-t-elle. De la bonne tomate provençale. Je l’ai préparée avec le nouveau robot. Vous savez, Bébé, le Moulinex que vous m’avez offert pour mon anniversaire.
Ils n’ont jamais réussi à se dire Tu.
Bernard allume la télévision. Journal de vingt heures. Il pose sa télécommande à côté de son assiette.
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Une nouvelle prostituée décapitée retrouvée ce matin. La police soupçonne le tueur de la Seine. Bien que le cadavre ait été retrouvé, comme à l’occasion du dernier meurtre similaire, suspendu dans un arbre, il n’était pas pendu par les pieds, contrairement au dernier meurtre similaire: en effet, la victime a été démembrée; on n’a retrouvé que son tronc.
Cliquetis des cuillères et bruits de bouche aspirant la soupe devant le journal télévisé sanguinolent. Après une minute sur la pêche fluviale, reportage sur le don d’organes. Les yeux de Magnolia se scotchent contre l’écran, sur le gros plan d’un rein. Fascinée, Magnolia lape sa soupe écologique. Elle tripote ses nattes brunes. Bianca ordonne à sa fille de poser sa serviette sur ses genoux. Elle lui demande si elle s’est bien lavé les mains, pendant une minute au moins, avant de passer à table.
Magnolia dit : Oui, maman.
— Tu me feras le plaisir de finir ton assiette, ma fille. Pense aux petits Noirs qui meurent de faim. Pense à la chasse au gaspi.
Magnolia dit : Oui, maman.
Bianca à Bernard :
— Votre journée s’est bien passée, Bébé?
Acquiescement muet. Bernard pince les manchettes ajustées de sa chemise. Bianca se lève. Elle ajuste les pinces de son pantalon. Elle dessert l’entrée. Elle apporte un gigot d’agneau accompagné de flageolets.
— Je n’ai pas trouvé de flageolets biologiques, déplore-t-elle. Tu vois, dit-elle à Magnolia, tout en regardant à la télévision une transplantation cardiaque, cette viande est certifiée d’origine française et élevée en plein air. Avec la traçabilité, on connaît la race de cette bête : on est sûr de ce qu’on mange.
Magnolia dit Oui, maman.
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20 h 11. — Il n’a pas beaucoup de succès, mon gigot… il n’est pas bon?
— Mais si, Bibi, il est très bon, votre gigot.
20h12. Bianca raconte sa journée.
Ce matin, après le départ de Bernard, elle a accompagné Magnolia à l’école. Vers 10 heures, elle a cassé le plat en porcelaine bleue de mamie Renée, puis elle a lancé une machine à laver avant qu’Élisa, la femme de ménage, n’arrive.
— Les résultats scolaires des enfants d’Élisa ne s’arrangent pas… les pauvres.
À onze heures, Bianca a rejoint Marianne, sa meilleure amie, au Gymnase Club.
— Marianne, la pauvre, elle ne sait plus quoi faire avec Gonzague. Elle a déjà tout fait et, franchement, elle ne peut pas mieux faire.
À midi, les deux amies sont allées boire un jus de goyave-carotte-échalote au Paradis du Fruit ; elles se sont quittées une demi-heure plus tard en se promettant de se téléphoner très vite :
— … Au fait, Bébé, je suis allée au Crédit mutuel pour transférer cinq cent mille francs (anciens) du compte épargne au compte courant, afin de payer nos prochains sports d’hiver.
Bernard écoute la télévision. Il joue avec les pieds de Magnolia, sous la table.
En début d’après-midi, Bianca a réprimandé Élisa, la femme de ménage:
— Elle a encore rangé les écharpes avec les chaussettes ; il faudra peut- être songer à la remplacer. Il paraît que les femmes de ménages tamoules sont très bien, cette année. Marianne vient d’embaucher une Zaïroise; je les connais, moi, les Zaïroises; Marianne s’en mordra les doigts.
À l’ère de l’euro, Bianca peine à parler en nouveaux francs; à l’ère du Congo, elle peine autant à parler en congolais : Bianca parle en anciens francs et en zaïrois. Pourtant, les Zaïrois, peuple de Mobutu, sont congolais, depuis la restauration de la monarchie dans la République démocratique du Congo-Kinshasa, ex-Zaïre, ex-Congo belge.
20h15. Entracte
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20h16. Une journée particulière, suite et fin.
— Cet après-midi, dit Bianca, j’ai téléphoné à mon frère. Xavier souffre de son homosexualité, le pauvre. Tout le monde sait, et moi mieux que quiconque, que l’homosexualité n’est pas une maladie, même si…
À quatre heures et demie, elle est allée chercher Magnolia à l’école et l’a aidée à faire ses devoirs, afin de la voir figurer parmi les cinq meilleures élèves de la classe :
— … même si tout le monde sait, aujourd’hui, et moi mieux que quiconque…
qu’il ne faut pas trop en demander aux enfants:
— … les pauvres…
même s’il faut un minimum d’autorité:
— … parce que quand même, c’est les parents qui décident. N’est-ce pas, Bébé?
— C’est vrai, Bibi, confirme Bernard.
— À ce propos, semble se souvenir Bianca, j’ai récupéré vos chemises au pressing.
20 h 24. À la télé, amoncellement de cadavres aux membres déchiquetés et entremêlés, tambours médiatiques presque battants.
Les yeux de Bernard et Bianca et Magnolia collés à l’écran.
Hypnotisé, chacun plante sa fourchette inoxydable dans la chair rose de l’agneau tendre, certifié d’origine française et élevé, voire abattu en plein air.
Chacun porte l’ustensile à sa bouche.
Chacun mâche sa viande avec délectation.
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20h26. – Je suis cre-vée, lance Bianca.
Elle éponge un front dénué de toute trace de transpiration. »
lecteur à lunettes says
Ca me fait à penser à Sinclair Lewis, ou à Queneau… mais j’ai perdu mes lunettes au salon du livre, vous z’auriez pas vu mes lunettes ?
lecteur à lunettes says
Ca me fait à penser à Sinclair Lewis, ou à Queneau… mais j’ai perdu mes lunettes au salon du livre, vous z’auriez pas vu mes lunettes ?
Lhomo Fob says
z’étiez à la manif hier ?
Lhomo Fob says
z’étiez à la manif hier ?
marine nationale says
moi oui
marine nationale says
moi oui
Soeur Tout Sourire says
Je consulte votre blog depuis le début, chère Bessora. Et je prie pour vous tous les jours depuis. Vous vous dissimulez derrière votre blog et derrière vos livres ! Avez-vous au moins pris un confesseur ?
Soeur Tout Sourire says
Je consulte votre blog depuis le début, chère Bessora. Et je prie pour vous tous les jours depuis. Vous vous dissimulez derrière votre blog et derrière vos livres ! Avez-vous au moins pris un confesseur ?
Loeil says
Terrible, la toile de massimachin, à la fin, terrible ! Terrifiante ! Toute la condition humaine !
Loeil says
Terrible, la toile de massimachin, à la fin, terrible ! Terrifiante ! Toute la condition humaine !
Le rat says
L’histoire du tronc, c’était prémonitoire, hein ? On en a trouvé deux au Bois de Vincennes il n’y a pas si longtemps… Peut-être que c’est Bessora qui a fait le coup, pour nous faire croire à un don de prescience ?
Lecteur à Lunettes says
Elle l’a, le don de prescience, c’est un génie, ne l’oubliez jamais ou vous aurez affaire au Lecteur Masqué !
Le rat says
L’histoire du tronc, c’était prémonitoire, hein ? On en a trouvé deux au Bois de Vincennes il n’y a pas si longtemps… Peut-être que c’est Bessora qui a fait le coup, pour nous faire croire à un don de prescience ?
Lecteur à Lunettes says
Elle l’a, le don de prescience, c’est un génie, ne l’oubliez jamais ou vous aurez affaire au Lecteur Masqué !
Amélie Nono says
Ah, je croyais que c’est encore un livre sur moi… Bin oui, c’est un livre sur les taches, non ?
Amélie Nono says
Ah, je croyais que c’est encore un livre sur moi… Bin oui, c’est un livre sur les taches, non ?
Bec Putride says
Ca sent pas bon…
Bec Putride says
Ca sent pas bon…
Bianca says
Il faudrait arrêter de parler de moi ainsi. Je proteste. Tout ce qu’il y a dans ces taches d’encres est pure affabulation !
Bianca says
Il faudrait arrêter de parler de moi ainsi. Je proteste. Tout ce qu’il y a dans ces taches d’encres est pure affabulation !
Martin Roi says
heu… est-ce que tu voudrais bien nous parler de tes chaussures, la prochaine fois, s’il-te-plaît ? Avec des photos, hein…
Lecteur à Lunettes says
Non mais je rêve, y se croit où celui-là, Y PASSE COMMANDE !? A Bessora !!!!?
Martin Roi says
heu… est-ce que tu voudrais bien nous parler de tes chaussures, la prochaine fois, s’il-te-plaît ? Avec des photos, hein…
Lecteur à Lunettes says
Non mais je rêve, y se croit où celui-là, Y PASSE COMMANDE !? A Bessora !!!!?
Michel Couillebec says
M’en fous, j’vais écrire un livre qui s’appellera L’EFFACEUR ! et on verra bien qui verra le dernier !
Marc Lévitation says
Sauf que si ça s’appelle L’effaceur, on verra rien du tout ! T’avais pas pensé à ça hein Couillebec ? Tu vois, c’est pour ça que tu n’auras jamais autant de ventes que moi, y avait qu’à voir ma QUEUE, au salon…
Amélie Nono says
Et la mienne alors !
Michel Couillebec says
M’en fous, j’vais écrire un livre qui s’appellera L’EFFACEUR ! et on verra bien qui verra le dernier !
Marc Lévitation says
Sauf que si ça s’appelle L’effaceur, on verra rien du tout ! T’avais pas pensé à ça hein Couillebec ? Tu vois, c’est pour ça que tu n’auras jamais autant de ventes que moi, y avait qu’à voir ma QUEUE, au salon…
Amélie Nono says
Et la mienne alors !
Bessaurorale says
Si toutes ces taches pouvait s’évaporer à mon rayonnement auroral…
Lecteur à Lunettes says
C’est vous, Maîtresse ?
Pardonnez-moi mais, vous avez fait une petite faute d’accord… c’est normal, votre glorieux esprit ne se laisse pas entraver par ces vils détails ô ma sublime auteure !
Sublime auteur, sublime Hauteur ! Ah !
Sigmund Frein says
Sublime hauteur, sublime hauteur… hum hum, encore une évocation de l’érection… sacro-saint pénis, nom d’une bite !
Bessaurorale says
Si toutes ces taches pouvait s’évaporer à mon rayonnement auroral…
Lecteur à Lunettes says
C’est vous, Maîtresse ?
Pardonnez-moi mais, vous avez fait une petite faute d’accord… c’est normal, votre glorieux esprit ne se laisse pas entraver par ces vils détails ô ma sublime auteure !
Sublime auteur, sublime Hauteur ! Ah !
Sigmund Frein says
Sublime hauteur, sublime hauteur… hum hum, encore une évocation de l’érection… sacro-saint pénis, nom d’une bite !
Martin Roi says
J’attends toujours mon coup de pied au cul, moi… Je vais rester à 4 pattes encore longtemps ?
Martin Roi says
J’attends toujours mon coup de pied au cul, moi… Je vais rester à 4 pattes encore longtemps ?
Lecteur à Lunettes says
Non mais en plus, c’est pas cher, et c’est bien, « Les taches d’encre », vraiment très bien ! Très très très bien !!!!!
Lecteur à Lunettes says
Non mais en plus, c’est pas cher, et c’est bien, « Les taches d’encre », vraiment très bien ! Très très très bien !!!!!
le vrai et seul Bruno says
Encore et toujours votre auto-promotion. Cela ne m’étonne guère de vous. Je ne serai pas étonné que vous soyez pour le mariage gay. Où va la France, je me le demande. JNVSP
le vrai et seul Bruno says
Encore et toujours votre auto-promotion. Cela ne m’étonne guère de vous. Je ne serai pas étonné que vous soyez pour le mariage gay. Où va la France, je me le demande. JNVSP