Eugène Ebodé n’est pas qu’un écrivain « né à Douala, ville intranquille, torride, frondeuse mais sculpteuse d’âmes fortes« . C’est aussi un ancien footballeur collectionneur de chapeaux, et un reporter tintinesque, qui, tel un inquiétant Benjamin Berton, sillonne les plus périlleux chemins de la littérature… J’en veux pour preuve l’article qu’il nous tricote pour Cyr@no, un ouvrage dangereux… Lisez, détricotez, fumez de la moquette, et longue vie aux aventuriers des livres perdus !
« L’AMOUR SUR DEUX SCENES
C’est en quatre parties, cousues comme un patchwork, que l’écrivaine Bessora nous propose, à travers son Cyr@no, une interprétation libre, romanesque et contemporaine de la fameuse pièce de théâtre d’Edmond Rostand. Roxane, personnage principal et femme aux multiples visages, campe ici une comédienne qui peine à décrocher le rôle-titre qu’elle convoite. À quoi sont dus ses échecs ? Quelle est l’origine de cet inconfort contre lequel elle se bat, s’insurge et martèle ses petits poings osseux où débordent frustration permanente et désir d’amour inassouvi ?
La métisse aux jambes de teutonne et au postérieur de Vénus hottentote subodore que le départ de sa mère, « partie se chercher les racines en Afrique », l’a fragilisée. Livrée à elle-même depuis sa plus tendre enfance, cette enfant naturelle qui a tâté du mariage comme d’un fouet, ne veut plus en entendre parler. Mais c’est avec une farouche résolution qu’elle s’agite pour quitter son jardin des supplices, inscrire son nom en haut de l’affiche théâtrale et vivre enfin une réelle passion amoureuse. Puisque les différents castings auxquels elle se présente lui réservent des surprises désagréables, le mieux n’est-il pas d’habiter à part soi les rôles qui vous hantent l’esprit ? Cette perspective l’invite à investir l’immense théâtre intérieur qui sommeille en chacun !
C’est ainsi qu’apparaît le personnage de Cyr@no. Il est Hermaphrodite, tour à tour cousin et cousine de Roxane, amante et rivale. Cette figure du double monte à l’assaut du doute qui envahit parfois la comédienne, tente de repousser la mauvaise fortune qui la pourchasse, et parvient aussi à déclencher d’utiles plaisirs solitaires le long de ses chairs offertes et frémissantes. S’il la soutient et la soulage, ce double ne se prive pas de l’apostropher, de la défier. « Ne sommes-nous pas, chacun, plusieurs en un seul ? » interroge l’alter ego pour aussitôt déplorer, sur un ton las : « La pensée d’aujourd’hui est si hermétique à l’hétéroclisme » ! Ce qui motive Roxane, c’est le combat contre l’inconfort qui vient des attentes jamais satisfaites par les autres. Il faut en prendre acte, suggère l’auteure, non pour s’avachir et geindre, mais pour se convaincre que le plus fidèle allié gît en nous-mêmes. Ce constat invite à s’émanciper de l’environnement extérieur supposé nous briser, nous réduire sans cesse à une machine à fabriquer du remords. Ce faisant, il nous livre à la mendicité. Pour quitter cet état et nous armer contre le dénudement programmé, il faut, face à la sécheresse des échanges avec autrui, entreprendre de riches et contradictoires conversations avec soi-même. Roxane soliloque donc. Par la logique du dévoilement cher à Léon Bloy, on parvient ainsi, en s’observant sans maquiller la réalité, à se rétablir, à se régénérer.
Les personnages électriques et féminins de Bessora, semblent ainsi, par l’effet du retour à soi, à la fois chahuteurs et décalés, mais parfois désespérément bavards. S’ils aiment coucher et cueillir les orgasmes dans les bras de jolis messieurs, la langue de l’écrivaine, cinglante et drôle, refuse par contre de se coucher au pied de l’Académie. Libertine et inventive, elle préfère lui donner des sueurs froides. L’auteure de Et si Dieu me demande, dites-lui que je dors, son précédent roman publié chez Gallimard, maintien le cap sur la liberté de dire au risque de quelques embardées dans la conduite de ses romans.
En transformant son double en un personnage surgissant des écrans d’ordinateur pour pimenter une vie sombre, solitaire et trop ordinaire, la narratrice peut alors s’extasier devant la créature chauffeuse des cinq sens : « Tu es fraîche, Cyr@no. Ça me change des vieilles routardes du Net venues cogner à la vitre de mon écran ces derniers temps. » L’auteure fait ici une évocation réussie des marivaudages qui ont aujourd’hui cours via l’outil internet. Elle reprend un thème qui semble lui tenir à cœur : la place de plus en plus importante qu’occupe les multimédias dans les rapports intimes et sociaux. Elle moque les correspondances entre amoureux virtuels et fustige, en creux, la lettre-type que Christian Belhomme, l’expert en gaudrioles et partenaire d’un soir de Roxane, envoie à toutes ses anciennes conquêtes. Pour Bessora, les flirts par courriels et autres conversations électroniques seraient un nouvel avatar du mirage qu’est l’amour. Les sites de rencontres, vers lesquels se tournent ceux qui se sont quittés hier, permettent aux anciens couples affublés de pseudonymes de rejouer, par claviers interposés, la comédie des sentiments. L’amour recherché apparaît toutefois comme une pièce de théâtre qui se déroulerait désormais sur deux scènes : l’une réelle et l’autre virtuelle. La deuxième constitue alors une option de rattrapage sentimental pendant laquelle des casques et des masques sont vissés sur des têtes gonflées d’espoir en attendant que se baisse ou se déchire le rideau des apparences. »
BrunodebrunO says
Suis pas sur que ça donne envie de lire Cyr@no….
BrunodebrunO says
Suis pas sur que ça donne envie de lire Cyr@no….
Le vrai et seul Bruno says
De l’autopromotion, on aura tout vu ! Et si je vous parlais un peu de moi, oui… de moi ! D’après… moi :
« Il est un acteur dont on se souviendra longtemps du nom. » La Tribune. » On a rarement vu un tel jeu chez un acteur aussi jeune. » Libération. « Remarquable prestation d’un comédien que l’on devrait voir plus souvent sur les planches. » Le Figaro Madame. JNVSP
Le vrai et seul Bruno says
De l’autopromotion, on aura tout vu ! Et si je vous parlais un peu de moi, oui… de moi ! D’après… moi :
« Il est un acteur dont on se souviendra longtemps du nom. » La Tribune. » On a rarement vu un tel jeu chez un acteur aussi jeune. » Libération. « Remarquable prestation d’un comédien que l’on devrait voir plus souvent sur les planches. » Le Figaro Madame. JNVSP
Socrate says
Cyr@no ? Une écriture lyrique et acérée, drôlerie, profondeur et légèreté…
Socrate says
Cyr@no ? Une écriture lyrique et acérée, drôlerie, profondeur et légèreté…
Angela Rinaldy says
A quand la suite, par exemple « Cyr@na en Afrique » ?
Angela Rinaldy says
A quand la suite, par exemple « Cyr@na en Afrique » ?
Mickey Mousse says
connais pas cet Eugène Ebodé, mais apparemment, il a bon goût
Mickey Mousse says
connais pas cet Eugène Ebodé, mais apparemment, il a bon goût
Jean-Luc says
Sûrement… il a bon goût… même s’il l’exprime de manière un peu disons… ambivalente ?
Nicolas Sarkozy says
Jean-Luc… Jean-Luc Mélanchon ? C’est toujours OK pour notre soirée à La Tour d’Argent demain ? On ira aux putes après ? D’accord ?
Jean-Luc says
Sûrement… il a bon goût… même s’il l’exprime de manière un peu disons… ambivalente ?
Nicolas Sarkozy says
Jean-Luc… Jean-Luc Mélanchon ? C’est toujours OK pour notre soirée à La Tour d’Argent demain ? On ira aux putes après ? D’accord ?
monde virtuel voyage says
Superbe article !
monde virtuel voyage says
Superbe article !