Cette annĂ©e-lĂ , je nâai pas treize ans. Christiane F. les a dĂ©jĂ . Je lui envie cet Ăąge canonique. Moi, je suis toujours la plus jeune de ma classe : mon anniversaire, câest  une semaine avant noĂ«l (Ă bon entendeur, salut !)
Mes treize ans, je les attends tout lâĂ©tĂ© de mes vacances Ă Lausanne. Et je tâenvie ton statut dâadolescente, Christiane F., car je sais que tu as quelque chose Ă me dire.
Sinon, tu ne passerais pas au cinĂ©ma lâAthĂ©nĂ©e.
Je viendrais volontiers te voir et tâĂ©couter, Christiane F. Mais voilĂ , je nâai pas treize ans rĂ©volus. De toutes façons, ton film est interdit aux moins de seize ans accomplis
Comme ton message doit ĂȘtre grave, puisquâil mâest interdit.
Comme tu as lâair dĂ©sespĂ©rĂ©e sur lâaffiche.
Comme tu as du morfler, Christiane F.,  pour réduire ton nom à une lettre et un point.
Ton affiche, je ne sais pas qu’elle est racoleuse. Racoleuse, je ne sais mĂȘme pas ce que c’est. Moi, je voudrais juste te voir et t’entendre.
A dĂ©faut de te voir, je tâimagine.
A dĂ©faut de tâentendre, je te lis, dans un fait divers.
Car Ă lâĂ©poque oĂč tu viens me titiller  par affiche interposĂ©e, la presse vaudoise alimente l’opinion d’un fait divers sordide, le meurtre dâune fille de treize ans.
L’opinion a faim d’indignation. La presse adore la nourrir.
Toi, au cinéma, 13 ans,  droguée  prostituée.
Elle, dans la presse, 13 ans, violée assassinée.
Eh ben dis-donc,  à 13 ans, apparemment, on devient grande.
Moi qui voulais croire encore que grandir, câĂ©tait devenir  Sophie Marceau.
Dans La Boum, Sophie joue Victoire, 13 ans.
La Boum, je lâai vue. Jâai pu la voir, tu comprends, Christiane, parce quâil nây avait rien Ă y voir.
Dans La Boum, chĂšre Christiane, pas de drogue, pas de prostitution, pas de viol, pas dâassassinat.
Ces choses-lĂ , dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, on oublie quâelles existent.
Ou du moins, on pense quâelles se passent ailleurs, chez les dĂ©linquants avĂ©rĂ©s. Pas chez les gens bien. Les gens biens, c’est nous, nos parents, nos amis, nos voisins.
Le gens bien, câest un autre soi-mĂȘme. Parce que soi-mĂȘme, on est, naturellement et sans effort, Â un gens bien, un gens trĂšs trĂšs trĂšs bien.
Dans La Boum, il y a des gens biens, mĂȘme la grand-mĂšre, naturellement, elle est bien. Si elle avait su, elle aurait mangĂ© bio, c’est naturel.
Bon, câest vrai, le pĂšre de Victoire a une maĂźtresse.  Mais  comme il est bien, il comprend  vite que câest mal. Et il rentre dans le droit chemin.
Et Victoire, elle a toute la vie pour devenir un gens bien.
Elle apprend.
Elle sâinitie Ă la gentilhommerie.

Tout le monde voudrait ĂȘtre gentilhomme. Mais c’est un art difficile. La tartufferie est plus aisĂ©e. On s’y recycle trĂšs souvent.
Le tartuffe  ne se drogue pas.  Le tartuffe ne se prostitue pas. Le tartuffe ne viole pas. Le tartuffe nâassassine pas.
Le tartuffe, il milite  à  gauche,  et  il a des secrets de famille plein ses tiroirs.
Le tartuffe, il prend la carte du parti socialiste, et  il a des cadavres plein ses placards.
Mais enfin, ces choses-là , ça ne se dit pas quand on se fait passer pour gentilhomme.
Seulement parfois, il y a des fuites.
Et quand ça fuit, le tartuffe dĂ©nie, jusqu’Ă la lie.
Non, elle ment. Je ne suis pas le pĂšre de son enfant.
Non, elle ment. Je ne lâai pas violĂ©e, elle a dit oui.

Je nâai jamais vu, Christiane F., ton film interdit.
C’est bien ainsi. Je l’ai mieux fantasmĂ©.
Et  grĂące Ă toi, Christiane F. imaginĂ©e, câest dâun pas moins certain que jâai marchĂ© vers mes treize ans.
De ce pas, je marche encore aujourdâhui.
Encore une attaque en rĂšgle d’un film qui est un chef d’Ćuvre. « La Boom » n’est pas seulement une comĂ©die, c’est avant tout, un conte philosophique. Les questions posĂ©es restent toujours d’actualitĂ©. « Comment serais-je quand je serai grande ? », « Est-ce que mon papa m’aime ? », »Pourquoi ma grand-mĂšre est-elle….grand-mĂšre ? » « Pourrais-je toujours m’offrir un magnifique hĂŽtel sur la cĂŽte normande ? ». Alors, laissons de cĂŽtĂ© les films Ă©trangers qui copient nos plus grands rĂ©alisateurs.
JNVSP
Encore une attaque en rĂšgle d’un film qui est un chef d’Ćuvre. « La Boom » n’est pas seulement une comĂ©die, c’est avant tout, un conte philosophique. Les questions posĂ©es restent toujours d’actualitĂ©. « Comment serais-je quand je serai grande ? », « Est-ce que mon papa m’aime ? », »Pourquoi ma grand-mĂšre est-elle….grand-mĂšre ? » « Pourrais-je toujours m’offrir un magnifique hĂŽtel sur la cĂŽte normande ? ». Alors, laissons de cĂŽtĂ© les films Ă©trangers qui copient nos plus grands rĂ©alisateurs.
JNVSP
Ah mais pas du tout, vous vous trompez complĂštement, je nie, je persiste et signe, je ne suis pas un gens bien, moi, pas du tout, au contraire, je pue la merde, je pue la merde et je t’emmerde, merde, merde, merde ! Merdeuuuuuuuuu !!! JE VOUS EM-MER-DE TOUS ! oui, tous !
Prout !
Ah mais pas du tout, vous vous trompez complĂštement, je nie, je persiste et signe, je ne suis pas un gens bien, moi, pas du tout, au contraire, je pue la merde, je pue la merde et je t’emmerde, merde, merde, merde ! Merdeuuuuuuuuu !!! JE VOUS EM-MER-DE TOUS ! oui, tous !
Prout !
Cher Seul et Vrai Bruno, vous me ferez toujours rire ! Votre commentaire est excellent ! Un excellent commentaire aprĂšs un excellent papier, c’est bien, ça fait du bien, surtout aprĂšs une matinĂ©e passĂ©e Ă entendre les conneries des autres soeurs, les jĂ©rĂ©miades des illuminĂ©s, les propositions vicieuses des prĂȘtres et j’en passe… (en passer, c’est encore le meilleur moyen de ne pas en trĂ©passer).
Cher Seul et Vrai Bruno, vous me ferez toujours rire ! Votre commentaire est excellent ! Un excellent commentaire aprĂšs un excellent papier, c’est bien, ça fait du bien, surtout aprĂšs une matinĂ©e passĂ©e Ă entendre les conneries des autres soeurs, les jĂ©rĂ©miades des illuminĂ©s, les propositions vicieuses des prĂȘtres et j’en passe… (en passer, c’est encore le meilleur moyen de ne pas en trĂ©passer).
Elle est trop canon Christiane F. La vache !!!! Il faut que je vois ce film ! Combien elle prenait pour la pipe ? Vous croyez qu’elle me demanderait un supplĂ©ment pour me mordre les couilles ?
Elle est trop canon Christiane F. La vache !!!! Il faut que je vois ce film ! Combien elle prenait pour la pipe ? Vous croyez qu’elle me demanderait un supplĂ©ment pour me mordre les couilles ?
Encore un trĂšs beau billet. C’est si bien Ă©crit, Bessora, on n’ose Ă peine commenter. Dominique
Encore un trĂšs beau billet. C’est si bien Ă©crit, Bessora, on n’ose Ă peine commenter. Dominique
Quand mĂȘme, mon Tartuffe Ă moi n’Ă©tait pas un violeur… Je ne suis ni RĂ©tif de la Bretonne ni Sade, moi, je suis seulement un guignol surfait, un petit thĂ©atreux, le louis de funĂšs de son Ă©poque : les vrais Tartuffe, ce sont ceux qui prĂ©tendent que je suis un grand auteur ! Mort de rire ! Remarque, on a bien donnĂ© le Nobel Ă Le ClĂ©zio et on se prosterne devant Proust alors, puisque je ne suis quand mĂȘme pas plus mauvais que ces deux nazes… Racine et Voltaire, quand mĂȘme, c’Ă©tait autre chose que mes petites piĂšces de merde, qui Ă©taient tout juste bonnes Ă faire marrer le roi et sa cour imbĂ©cile, qui restent apparemment bonnes Ă sĂ©duire les corniauds d’aujourd’hui mais, je vous le dis et le rĂ©pĂšte, ma cĂ©lĂ©britĂ© est injustifĂ©e ! Un grand auteur, c’est Madame de La Fayette, n’en dĂ©plaise au nabot bouffon qui vous gouverne parce que vous l’avez Ă©lu, bande d’abrutis !
Quand mĂȘme, mon Tartuffe Ă moi n’Ă©tait pas un violeur… Je ne suis ni RĂ©tif de la Bretonne ni Sade, moi, je suis seulement un guignol surfait, un petit thĂ©atreux, le louis de funĂšs de son Ă©poque : les vrais Tartuffe, ce sont ceux qui prĂ©tendent que je suis un grand auteur ! Mort de rire ! Remarque, on a bien donnĂ© le Nobel Ă Le ClĂ©zio et on se prosterne devant Proust alors, puisque je ne suis quand mĂȘme pas plus mauvais que ces deux nazes… Racine et Voltaire, quand mĂȘme, c’Ă©tait autre chose que mes petites piĂšces de merde, qui Ă©taient tout juste bonnes Ă faire marrer le roi et sa cour imbĂ©cile, qui restent apparemment bonnes Ă sĂ©duire les corniauds d’aujourd’hui mais, je vous le dis et le rĂ©pĂšte, ma cĂ©lĂ©britĂ© est injustifĂ©e ! Un grand auteur, c’est Madame de La Fayette, n’en dĂ©plaise au nabot bouffon qui vous gouverne parce que vous l’avez Ă©lu, bande d’abrutis !
Hou hou Dominique ! Qu’est-ce que tu vas demander en Ă©change ? La vidĂ©o pirate de Christiane F. (avec les scĂšnes qui ont Ă©tĂ© coupĂ©es au montage) ?
Dominique nique nique s’en allait dans la forĂȘt, calme et chantant ! (n’est-ce-pas ma soeur ?)
Hou hou Dominique ! Qu’est-ce que tu vas demander en Ă©change ? La vidĂ©o pirate de Christiane F. (avec les scĂšnes qui ont Ă©tĂ© coupĂ©es au montage) ?
Dominique nique nique s’en allait dans la forĂȘt, calme et chantant ! (n’est-ce-pas ma soeur ?)
Bessora, trĂšs chĂšre, je me permets de penser qu’il y a autant de tartuffes de gauche que de tartuffes de droite.
Pour deux raisons simples :
la premiĂšre est qu’il n’y a plus de diffĂ©rences fondamentales entre la droite et la gauche.
La deuxiĂšme est que je ne suis ni de droite, ni de gauche.
Bessora, trĂšs chĂšre, je me permets de penser qu’il y a autant de tartuffes de gauche que de tartuffes de droite.
Pour deux raisons simples :
la premiĂšre est qu’il n’y a plus de diffĂ©rences fondamentales entre la droite et la gauche.
La deuxiĂšme est que je ne suis ni de droite, ni de gauche.
Les tartuffes sont de tous bords. Qu’ils soient de droite, on s’y attend. Qu’il soit de gauche, ça surprend toujours. En effet, pas de grandes diffĂ©rences entre les deux… mĂȘme Ă©coles, mĂȘmes hĂŽtels, mĂȘmes cartes de crĂ©dits et mĂȘmes femmes de chambres…
Les tartuffes sont de tous bords. Qu’ils soient de droite, on s’y attend. Qu’il soit de gauche, ça surprend toujours. En effet, pas de grandes diffĂ©rences entre les deux… mĂȘme Ă©coles, mĂȘmes hĂŽtels, mĂȘmes cartes de crĂ©dits et mĂȘmes femmes de chambres…