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83 orphelins allemands, nĂ©s d’officiers nazis, sont envoyĂ©s en Afrique du sud aprĂšs la guerre, oĂč ils sont adoptĂ©s. Mission : rĂ©gĂ©nĂ©rer le sang blanc du pays…
Vont-ils l’accepter ?
Un extrait de ce roman paru chez Jean-Claude LattĂšs
Les cheveux en bataille et les pieds dans nos vieilles godasses, on est assis avec Arno devant le bureau de Mme Pfefferli. Trois paquets dâos en face dâun squelette⊠Ce nâest pas pour rien quâon la surnomme la Pie ! Elle est vĂȘtue de son uniforme noir et blanc.
DerriĂšre elle, une dame en blouse blanche remue les doigts dans ses poches. Des stylos sâen Ă©chappent. Elle sâappelle Anna, elle a trente-cinq ans et elle est docteur. Les trois paquets dâos assis devant Mme Pfefferli voient Anna pour la premiĂšre fois. Ils ont une sacrĂ©e trouille, surtout toi et moi, les deux grands.
Mme Pfefferli remonte ses lunettes, rafistolĂ©es avec du fil de fer. Elles lui tombent quand mĂȘme sur le nez. Une montagne de dossiers sâempile prĂšs dâelle, jusquâau plafond. De lâautre cĂŽtĂ©, il y en a trois. Mon prĂ©nom, suivi dâun S., est Ă©crit sur le premier.
â Wolfgang, Arno, BarbaraâŠ, chantonne la Pie. Vous avez Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©s.
Je ne comprends pas. Aussi perplexe que moi, tu fixes un tableau accrochĂ© au mur. Mme Pfefferli y a rangĂ© sa collection de cartes postales de la Suisse, au-dessus dâune Ă©tagĂšre oĂč sont alignĂ©s des livres de contes. Mme Pfefferli remarque ton air rĂȘveur :
â Barbie ? te lance-t-elle pour que tu te concentres sur ce quâelle nous raconte.
Arno, lui, balance les jambes sous la table, en riant. Il peut bien se marrer, il nâa que trois ans. Nous deux, on est plus grands. Je dĂ©tourne le visage vers la fenĂȘtre. Il pleut de lâautre cĂŽtĂ©, oĂč se dessine la fermette de Heidi.
Heidi. Je lâai demandĂ©e en mariage lâautre fois, mais il paraĂźt quâĂ huit ans, on ne peut pas.
Les mains dans ses poches remplies de stylos, Anna dit :
â Les rĂ©sultats de vos tests sont excellents.
Elle a un drĂŽle dâaccent.
â Pour cette raison, reprend-elle, vous avez Ă©tĂ© choisis par la Dietse Kinderfonds.
Câest tellement incroyable ce quâelle dit. Cette langue est complĂštement fĂȘlĂ©e⊠Dietse Kinderfonds, ça veut dire « Fonds teutonique pour lâenfance ».
Aucun sens.
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