Sonnez hautbois, résonnez musettes ! Ce n’est pas que j’utilise souvent cette expression, mais on peut tout se permettre quand sort son douzième roman… un divin enfant accouché le 10 mars dernier après des litres de transpiration, et des milliers de kilomètres parcourus en voiture et en avion. Le nouveau-né pèse 249 pages et mesure 21 centimètres. Il s’appelle Les Orphelins et se visite en librairie
Les trois enfants en couverture, Karl, Birgit et Peter, sont frères et soeurs. Ils débarquent en Afrique du sud ce 8 septembre 1948, où ils ont été adoptés par des sympathisants nazis en mal de chair aryenne. Leur mission, qu’ils l’acceptent ou pas : régénérer le sang blanc d’Afrique du sud. Car hélas, déplorent leurs bienfaiteurs, Hitler s’est planté en Allemagne. Et les Anglais, ennemis héréditaires depuis qu’ils sont venus coloniser Le Cap ( vers 1806), n’ont pas pris la déculottée qu’ils méritaient en 39-45.
Ces trois gosses, 6, 7 et 8 ans, n’ont pas la moindre idée de ce qui les attend. Ce ne sera pas joli, joli : On prie Dieu à longueur de journée dans cette famille. Mais elle est remplie de haine. Petites et grandes misères. Petites et grandes culpabilités. Avec lesquelles on s’arrange comme on peut. Et dont, peut-être, on pourrait se dépêtrer ? Résilience en vue ? Ce que Mandela peut, tout le monde le peut-il ? Et le vignoble sud-africain, dans tout ça ?
Je découvre l’histoire de ces enfants, dont certains, aujourd’hui, se considèrent comme des déplacés de guerre, grâce à Régine Dura, documentariste de talent, dont le film Du sang Blanc pour l’Afrique du sud est diffusé sur Arte en 2017 ( ou 2016, je ne sais plus). Devant mon petit écran, je tombe littéralement en amour. De Peter, ce vieux monsieur qui se confronte à ses culpabilités. Dans les yeux de ce vieillard, subsiste l’enfant qui, sur la photo d’époque, jette ce regard inquiet sur le côté. Je veux le rencontrer, je veux l’écrire. Quelques mois plus tard, je m’envole pour Le Cap (passant par Berlin et Addis Abeba, étrange itinéraire, mais voilà, l’écrivain est fauché) .
Après une enquête digne de Fantômette (si ça se lit encore), je retrouve Peter : Bonjour, j’ai fait dix mille kilomètres pour vous rencontrer. Confiance immédiate : il me raconte l’apartheid, le nazisme, l’Allemagne d’après-guerre, mais aussi sa mère adoptive, une folcoche à la Bazin, et son père, un gentil lâche, bien trop gentil avec les enfants. Et sa rédemption.
En mission Stendhal, je sonde les lieux, les archives, les textes, les paroles, le climat… les autruches et les pingouins. Et je bois du vin de Constance. Et je mange des tartes au lait. Touillez ces matières premières éclectiques, puis tissez le mélange obtenu pour parvenir à ce roman Les Orphelins, que je dédie à Peter. Et que j’espère vous lirez !
Maintenant je vous quitte, car je suis en gestation de roman #13.
Et d’un tas d’autres choses.
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