Un extrait de Petroleum… roman 4 (sur 11) ! Confinez bien !
Installé à cent vingt kilomètres des côtes, à l’abri des regards indiscrets, l’Ocean Liberator enfonce des tiges de forage sous la mer.
A bord du bateau de prospection pétrolière, des vertébrés à sang tiède, porteurs de mamelles : géologues visionnaires à lunettes, foreurs fornicateurs de fonds marins, électriciens et mécanicien boutonneux. Ils côtoient d’autres mammifères aquatiques, comme une infirmière férue de tradi-médecine, un animateur sportif grassouillet, une équipe de restauration et d’hôtellerie.
Leur température est constante et, si leur respiration demeure pulmonaire, des branchies poussent sans doute dans leurs cages thoraciques.
Il y a aussi Jason, le chef cuisinier.
Passionné de levain, il a délégué la plupart de ses fonctions pour se consacrer à la pâte à pain, dans la moiteur d’une cale dont il a fait un fournil.
Jason sort tout droit des années yé-yé : en ce temps-là, il était un bel enfant doté d’un nombril éléphantesque. Autour de ses yeux noirs se retroussaient les cils les plus jolis qui se puissent concevoir.
En ce temps-là, les oracles-géologues prophétisaient déjà. Jason souriait devant les avions et les bateaux pétomanes qu’ils envoyaient dans les airs et dans les mers pour libérer l’or noir.
Mais depuis, les cils de Jason ont grandi.
Son nombril aussi.
Ce fils d’on ne sait qui a choisi d’être cuisinier.
Jason fur le premier cuisinier de son village ; il exerça ses talents à la ville avant de travailler pour les pétroliers. Depuis une dizaine d’années, cet homme au nombril d’éléphant n’en finit pas de renouveler ses contrats à durée déterminée avec Elf…
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