Chaque année, tata Marie m’envoie un petit courrier.
De Suisse m’arrivent une carte de vœux peinte par des handicapés, quelques friandises helvétiques, et de quoi célébrer mon anniversaire. Or cette année, un mien facteur a tué ce rituel ancestral. Je lui transmets ci-dessous le message de tata Marie.
« Hello, pauvre facteur français. Vraiment pas démerde ! »
Tata Marie n’est pas contente… Son grand-père, Elie, protestant de Savoie (ou de l’Ain, on ne sait pas exactement…), était un VRAI facteur, lui. Et puis sa lettre ne m’est parvenue qu’hier, après deux allers-retours en Suisse. La distribution du courrier dans mon immeuble, voyez-vous, est tributaire de la bonne volonté du facteur. Des fois, il ne distribue pas : il renvoie à l’expéditeur. En l’occurrence à ma bienaimée tante. Tata Marie n’a jamais vu une chose pareille. Mon pépé de la poste n’était pas comme ça.
Comprenez bien, mon postier actuel est de ces braves personnes qui ont le goût du travail bien fait et le sens de l’intérêt général. C’est pour ça qu’il est entré dans la fonction publique. Et c’est par altruisme qu’il ne distribue pas le courrier. Des fois, il se trompe de boite. Ça arrive surtout quand votre nom est étranger. Tout à coup, il ne sait plus lire. C’est vrai, rien ne ressemble plus à un nom estonien qu’un patronyme vietnamien, tunisien, ou sénégalais. Peut-être mon facteur a-t-il appris la lecture selon la méthode globale. Deux lettres pareilles dans deux mots différents, et il en conclut que c’est le même mot.
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p style= »text-align: justify; »>Et le courrier qui n’arrive pas… Pour servir l’intérêt général, mon facteur refuse, deux fois sur trois, de chercher votre nom sur les boites à lettres. Car il y a deux blocs de boites à lettres dans le petit hall de mon immeuble. Pour atteindre le premier, il faut faire un pas à droite. Pour le second, il faut avancer d’un pas vers la gauche. Mon facteur s’y refuse. A la place, il griffonne des menaces sur les enveloppes :
« Avertissement ! Indiqué Bloc 1 ou Bloc 2 ! ».
Oui, indiqué. Et, de rage, il délègue la distribution du courrier à la gardienne qui tente bien de lui rappeler la liste existant dans le hall de l’immeuble où elle a répertorié, dans l’ordre alphabétique, tous les locataires avec le bloc correspondant. C’était pour rendre service au facteur. Mais lui, dans l’intérêt général de lui-même, il n’a pas le temps.
Moi, j’aime bien la poste. Quand on y va, tout est ralenti. On prend le temps de perdre son temps. On s’endormirait presque. On prend des forces pour demain…
Cela fait huit mois que je suis en attente d’ouverture de compte pour uneassociatiô-entreprise…. du délire !!!