
Romans monde, romans 360 °, sujets genevois du Salon du Livre de la cité calviniste. Je les explore avec les sieurs Ndjekery et Ruffin. Le premier envoyant un Mini Guillaume Tell au Tchad dans Au petit bonheur la brousse, le second mariant sept fois son héros débarqué en Ukraine dans les années 60. Trois jours après ces échanges, je m’envole avec Alpha pour le Canada. Festival d’alliances françaises et de comics anglophones au programme, mais aussi… les sushis de Vancouver
En mai, fait ce qu’il te plait, il paraît. Genève m’a plu. Il paraît que j’y ai mangé de l’entrecôte dans un café parisien et que j’ai palabré dans son salon du livre. Ainsi, au milieu de la rencontre Le roman 360°, je lance, fière de moi et sûre de mon effet, « La fiction est un mensonge qui dit la vérité ». Approbation générale, puis l’excellent Pascal S. de rendre hommage à Cocteau, père de cette citation… dont je me croyais l’autrice.
De deux choses l’une, soit je suis la réincarnation de Cocteau, c’est possible car il est mort avant ma naissance, soit Cocteau a lui-même emprunté cette citation à quelqu’un qui l’aurait dérobée à quelqu’un d’autre qui l’aurait lui-même… volée à un Canadien.

Trois jours plus loin je prends le large et survole l’océan atlantique. Engoncée dans une énorme boîte à sardines appelée Boeing 777, je me fais deux réflexions : un, cette citation n’a rien d’original, je la replacerai ; deux, bientôt 6h de jetlag… est-ce que je n’aurais pas mieux fait de prendre un vol pour la Croatie ?
En effet, je vole vers Toronto en compagnie d’Alpha. Fichu Boeing à trois 7 qui, malgré les turbulences veut se faire passer pour l’avion le plus sûr du monde… Tu parles. De Toronto à Vancouver, je prendrai 7 avions de cette sorte, je vois mal comment j’échapperais à une catastrophe aérienne. Ecrire, un métier à haut-risque.
Alpha et moi avons en effet été invités par une créature à trois têtes : l’ambassade de France, le festival BD de Toronto, et le festival BD de Vancouver. A risque, je vous dis.
Alpha ayant le don d’ubiquité, il se trouve au même moment à Zagreb, en compagnie de Barroux, où il découvre la langue croate dans laquelle il vient d ‘être traduit. Alpha n’en revient pas…

Et moi, saucissonnée dans le siège 24K, j’engloutis des films anglophones : reconnecter mon cerveau à sa mémoire américaine… Que la francophonie se rassure, je débattrai aussi en français : respect aux minorités linguistiques. Au Canada, le français est classé langue indigène. First Nations. Sous nos méridiens on les appelle encore les Indiens.
Me croirez-vous si je vous dis qu’à Calgary, j’ai rencontré un Bourguignon qui a connu la télévision en noir et blanc ? Né dans une ferme il y a 30 ans, il devient philosophe avant de migrer à Calgary.
Me croirez-vous si je vous dis qu’à Edmonton, j’ai vu un trappeur étudiant les loups et les cerfs et consul honoraire à mi-temps ?
Me croirez-vous si je vous dis que Vancouver abrite des Québecquois élevés au Rwanda, mariés au Japon, seigneurs du rap et l’océanographie.
A Vancouver, chère Véronique Sanson, j’ai bu des bières aux agrumes, aux pêches et à la framboise. J’ai refais le monde avec un exilé Clermontois qui croyait aux vertus de l’ascenseur social !
Me croirez-vous … une demoiselle s’est arrêtée devant ma table de signatures et, alors que j’essayais de lui vendre mon Alpha en anglais, elle m’a révélé l’avoir déjà lu en espagnol à Barcelone ! Elle, Vancouver l’avait conquise par sa biodiversité.
Me croirez-vous, si je vous parle des sushis de Vancouver ?
Le gingembre qui te lave la bouche entre dorade et saumon…
Le Canada est un mensonge qui dit la vérité.
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