Après deux jours à Londres, where I had to connect my brain to english language, je suis de retour en la langue de Césaire. La question inclusive (pas que des femmes), est aussi un ordre du jour au pays de Zadie (Smith). Inclure, c’est aussi enfermer et soumettre. Puisque donc, I’m too exhausted pour vous présenter un article original cette semaine, vous aurez au menu l’extrait de ce vieux roman incluant l’occlusion : Les Taches d’encre, ou les aventures de Bernard et Bianca. Lui est un assureur très lâche et très inclusif. Elle est sa femme au foyer, qui se représente le monde de manière tout à fait exclusive. Ce livre peut se peut lire en bibliothèque, ou se commander.
« Hier, à la FNAC, au rayon littérature, Bianca a pris un roman, au hasard, sur le présentoir. Amis voyeurs, retournons-y à pas feutrés, et observons-la silencieusement, afin de ne pas la déranger. Elle feuillette le livre et écoute le narrateur lui décrire deux personnages :
Une petite grosse aux yeux noirs ; Bianca imagine une petite grosse aux yeux noirs. Avec des dents grises. Un grand maigre aux yeux bruns ; Bianca voit un grand maigre aux yeux bruns. Avec des dents jaunes. Quelques pages plus loin, le narrateur précise : le grand Noir aux yeux bruns, toujours aussi maigre.
— Tiens, pense Bianca, c’est un Noir, ce grand maigre. Le narrateur aurait dû la prévenir tout de suite.
Quelques pages plus loin, le narrateur exagère: le Noir à la peau brune.
— Mais enfin, il est de quelle race ce grand maigre? se demande Bianca.
Plus tard, le narrateur abuse : la petite Blanche aux yeux noirs, toujours aussi grosse.
— Évidemment qu’elle est blanche cette petite grosse, pense Bianca.
Le narrateur n’avait pas besoin de la prévenir.
Plus tard, le narrateur pousse le bouchon vraiment trop loin : la Blanche à la peau brune. — Mais enfin, elle est de quelle race cette petite grosse ? se demande Bianca.
Bianca repose le livre sur le présentoir.
Les anciens francs, c’était mieux que l’euro. »
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