Je vous en ai dĂ©jĂ parlĂ© et je vous en parlerai encore, d’ailleurs (Ă peu prĂšs) toute le monde en parle, jusqu’Ă Glasgow, non loin du Fleuve Clyde, Bonnie and Clyde
Pour allĂ©cher les plus perplexes d’entre vous, ci-dessous une bonne feuille et mĂȘme les deux premiĂšres. Qu’elles vous encouragent Ă vous procurer ce testament au plus vite !
« Longtemps, jâai eu peur de mourir. Jâen paniquais la nuit, congelĂ© de frousse et grelottant au fond de mon lit. Est-ce que le temps sâarrĂȘte quand on est mort ? DĂšs le dĂ©clin du jour, quand le soleil commençait Ă baisser, lâangoisse me montait. Ăa mâa toujours pourri la vie, lâeffroi. LâidĂ©e de mort me trottait dans la tĂȘte, le nĂ©ant me retournait lâestomac. Tout poisseux de sueurs, jâĂ©tais, dans mes draps. Et puis jâai compris, SalomĂ©. Jâai compris dâoĂč venait lâĂ©pouvante: pas de la mort, la mort qui vient, mais de la vie, la vie qui ne va pas. Elle nâavait pas de sens, ma vie. Ma vie Ă©tait bĂȘte.CâĂ©tait le sens, qui manquait. Jâai trouvĂ© le sens. Maintenant, je nâai plus jamais peur.
Dis-donc, elle a encore poussĂ© ta barbe aujourdâhui. La religion, câest une chose, mais il faut que tu penses Ă ton avenir. Ce nâest pas parce que tu crois en lâIslam que tu nâas pas le droit de te marier, de faire des enfants. Tu ne voudrais pas ĂȘtre Ă©colo, plutĂŽt ? Tu ne vas pas aller Ă lâĂ©cole en djellaba, quand mĂȘme ?
Ce nâest pas une djellaba, câest un kamis. Quâil regarde dans le dico. Mais papa est plutĂŽt inculte. Un looser, en rĂ©insertion. Pas taillĂ© pour le monde, papa. Le monde nâest taillĂ© pour personne. Avant, je veux dire quand jâavais peur de mourir, je mâaccrochais aux branches pourries du monde, comme tout le monde. Je nâavais pas dâailes, mais je me faisais croire que je pouvais voler. Bon fils, bon Ă©lĂšve, bel avenir et consommation, câĂ©tait mon ambition. Mais tu nâas jamais fini de donner des preuves. Quoique tu fasses, SalomĂ©, y en aura toujours pour te regarder de haut. Celui qui toise sent la rose, mais son cĆur est sale, son Ăąme, toute pourrie. Lui le juste, toi le mĂ©chant. Lui le penseur libre, toi un imbĂ©cile de converti. De toi, il nâa rien Ă apprendre: tu es un primitif gaulois sous influence islamiste. Il te le fait comprendre poliment.
Comme un juge, il te parle gentil. Câest toi qui ne sais pas te tenir. Toi, tu nâas rien compris. Longtemps, jâai encaissĂ© sans broncher. Comme un plouc grec ou un petit Africain, jâĂ©tais. AccoutumĂ© Ă lâhumiliation, dur Ă la douleur, jâĂ©tais. En miettes, mais je me disais Tu te recolleras demain. Câest la peur de mourir, qui me paralysait. Mais quand tu acceptes la mort, quand tu la laisses tâembrasser, tu te sens pousser des ailes. Tout devient possible. Doucement, tu te dĂ©taches de tes branches avariĂ©es. LibĂ©rĂ©, tu vois clair: ici-bas ne compte pas; ta mort peut servir une cause plus grande que toi. »
Un des meilleurs livres que j’ai lus assurĂ©ment !