Saison 3 de la Belle et ses Princes. Après Marine et Nelly, la prochaine élue succombera-t-elle aux pectoraux d’un éphèbe décérébré ou à la toux bronchitique d’un laideron sans cervelle ?
Pour faire battre les cœurs purs dans les chaumières du bon peuple, faire en sorte qu’une belle s’amourache d’un (faux) moche, ou qu’un (vrai) moche s’amourache d’une toute belle. Préférablement de sexes opposés, quoique la tendance évolue.
Ainsi Cyrano de Bergerac. Métamorphosé en héros hétéro, il se meurt d’amour pour une gourde à la cervelle d’huître, mais par ailleurs il proclame les qualités de l’âme et du cœur.
Ainsi Cocteau, laideron magnifique qui n’en fut pas moins amateurs de beaux gosses. Par chance, ces garçons ne s’arrêtent pas au physique.
Et que penser de Marine, quittant la Belle et ses princes 1 aux bras musclés de Benjamin.
Ach… Marine, ne vaux-tu guère mieux que Cocteau et Cyrano ?

S’exprimant devant les micros de W9, Cyrano aurait dit :
« C’est qu’un moche, tu ne peux rien pour lui : déjà qu’il est con. »
Et Cocteau, également présent (un mondain, ce Cocteau), d’enchérir :
« Un beau ayant déjà une plastique parfaite, le travail est à moitié fait : on a plus qu’à lui réparer l’âme. »
Mais les prévient-on, les enfants de la télé-réalité, des effets de leur exhibition médiatique ?
Est-ce qu’ils touchent des pour cents sur les mirobolantes recettes publicitaires qu’on leur doit ?
Qu’est-ce qui t’arrive quand, dans l’intimité d’un petit salon tamisé, tu avoues à Jade, et à toute la Francophonie, qu’à l’âge de 21 ans tu es toujours puceau ?

Un cas similaire s’est déjà présenté dans la saison 6 de l’Amour est dans le Pré. Moi qui n’en loupe pas une, je n’ai pas vue celle-ci. À ma décharge, c’était la version belge.
Dans cette excellente édition, comme dans toutes, des moches rivalisent de disgrâces, et certaines se croient malines parce qu’elles sont laides. Il y a des belles, aussi, sinon personne ne regarderait le programme.
Parmi les belles, une Geneviève un peu défraîchie. Dans sa beauté fânée, elle puise l’assurance et le culot de dire quelques vérités au maître du harem agricole :
Je vais te regarder droit dans les yeux et je vais te dire clairement que tu n’es pas mon genre d’homme.

Je ne supporte pas ton attitude et tes manières. J’ai essayé de t’expliquer un certain nombre de choses mais tu ne comprends absolument rien. Tu as un manque d’éducation pour moi qui est inadmissible…
Nombreux ceux qui, devant leur poste, se reconnaissent dans ces propos infamants. Plus nombreuses encore celles qui souvent se retiennent de les prononcer. Ce genre de choses, on peut les penser, mais la liberté d’expression interdit de les dire.
Bref, le spectateur est médusé. A travers le maître du harem, c’est lui qu’on insulte. Pour qui elle se prend cette pute ? pense tout bas le spectateur médusé.
Quelques jours après, un échantillon, non négligeable, de spectateurs des deux sexes, attend la belle à sa sortie de l’émission : œufs pourris, coups de fil anonymes, pneus crevés et autres menaces de mort.
Et puis finalement, elle n’est pas si jolie, vous savez ? Elle a des rides et des bourrelets.
Mais une fois que toute la francophonie connaît la candeur de votre pénis, quand elle sait que n’avez pas votre langue dans votre poche, ce qui est un comble pour une pute blonde, ou quand aussi, elle a vu à la télé que vous étiez un tueur d’enfants, alors qu’il y a eu confusion de personne, comment rétablir la vérité ?
Grâce à la télé-réalité, pardi !
Deux ans après son passage à l’Amour est dans le Pré, nous retrouvons Geneviève dans Tellement vrai, sur NRJ 12, non plus dans le rôle du bourreau ou du méchant, mais dans celui de la victime. Depuis deux ans, sa vie est un enfer à cause de gens (elle ne dira pas des sales cons, sinon ils se sentiraient encore visés) qui… ne l’ont pas comprise. Deux ans qu’elle vie terrée chez elle, sans avoir réussi à se trouver un mec.

Bien sûr, nombreux sont ceux et celles qui se reconnaissent dans Geneviève.
Les mêmes s’étaient identifiés au maître du harem agricole, deux ans plus tôt, mais cette fois, le scénario est écrit pour qu’elle soit la victime, et que les gens le comprennent.
Et voilà Geneviève restaurée dans le cœur belge, de retour dans le concert des nations francophones, voire européennes.
Je crois même qu’elle s’est trouvé un mec.
Trois secondes pour faire de toi la pire des salopes.
Quatre pour te relooker en mère Thérésa.
Miroir, miroir, dis-moi qui…
Miroir, miroir, dis-moi qui…
Victimes ou bourreaux, tout cela est du pareil au même. Jnvstp
Victimes ou bourreaux, tout cela est du pareil au même. Jnvstp