Rencontré lors d’une excursion littéraire à Londres. Ou à Dublin. Je ne sais plus très bien. J’étais solidement enceinte. Ou sa femme. Je ne sais plus non plus. Mais je me souviens de son nom : Mahi Binebine.
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En fait je crois que c’était Londres… Je présentais Deux bébés et l’addition. Si c’est le cas, alors je n’étais plus enceinte. Ou alors était-ce Les taches d’encre ? Si oui, je n’étais pas enceinte. Pourtant, un flash m’indique grosse de quelques mois. Bon, peut-être que la femme de Mahi et moi étions toutes deux enceintes. Lui sortait un livre, chez Julliard, si je me souviens bien. Ou peut-être au Seuil. Sais plus. Cependant, moments de grâce, ça je m’en souviens.
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Des semaines plus tard, ou des mois ?, dîner dans son appartement à Paris.
Sa femme, des enfants, un nombre impair de filles, si je me souviens bien. Mes enfants, filles et paires, c’est certain. Un bel appartement. Vers Invalides ?
Réminiscences de ses toiles, aussi. Et, quoique ne l’ayant pas encore lu, je ne doute pas de son talent littéraire : un type qui peint comme ça ne peut pas mal écrire, je me dis.
Je n’irai pas vérifier. Ne me demandez pas pourquoi je fais ce lien entre peinture et littérature. Mon inconscient lui-même l’ignore. Et je jetterai encore la passerelle quelques années plus tard (une décennie ? je ne sais plus) dans Cyr@no. Peinture, littérature, plus théâtre que multiplie numérique = Cyr@no.
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Flash-back sur Londres. Ou Dublin. Est-ce qu’on n’avait pas mangé épicé dans un restaurant bas de plafond ? Ou est-ce qu’il me paraît bas à cause des lumières tamisées. Ou parce qu’on avait descendu un escalier pour rejoindre notre table. J’entends des rires. Quelqu’un fumait, non ? Belle soirée. Mais est-ce que j’étais enceinte ou est-ce que c’était elle ? Les deux ? Oui, c’est ça. Elle était plus grosse que moi : moi en retard sur elle. Et à mon retour à Paris, un médecin m’interdit les excursions littéraires et aériennes : caprices de mon col. Donc je n’avais pas encore écris Deux bébés et l’addition. Mais qu’est-ce que je foutais à Londres ou à Dublin ? Berlin, c’était 2003. Ca, je m’en souviens.
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Flash-back en Anglophonie. La générosité de Mahi B. Son sourire. Politesse du désespoir. Être de lumière. Et puis perdu de vue.
Mille jours plus loin, sinon plus, son nom croisé dans une feuille de chou : nouvelle saison littéraire. Je publie Petroleum, alors, et papa est encore en prison. Ou bien est-ce que je mange déjà une entrecôte avec Jean-Noël Schifano ? Gais déjeuners au Delmas. Sorbet mangue et glace rhum-raisins pour le dessert, s’il vous plaît.
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Et puis 2013, déjà. Papa n’est plus en prison, quoiqu’enfermé depuis six mois. 72 films m’arrivent pas la poste, pour des motifs cinématographiques et francophones. Consciencieuse, je numérote les pochettes DVD. Protestante, je m’oblige à les regarder dans le désordre, et dans le court délai imparti. Arrive le numéro 50. Les Chevaux de Dieu.
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Rituel de mes notes au crayon de papier, au dos de la pochette DVD. Impressions écrites sur le vif : Sujet bien traité, sensible, sans pathos. Profondeur et légèreté. Vraie tension dramatique. Empathie avec les personnages. Et, sous-jacente, la question de l’amour et du genre. Qu’est-ce qu’être un homme ?
Fin du film. Pousser le vice, cette fois pas un supplice, jusqu’à lire le générique. Quid du scénario ?
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… adapté des Etoiles de Sidi Moumen, un roman de Mahi Binebine
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Mahi B. retrouvé dans le temps perdu.
Toujours pas lu.
Mais un type qui peint comme lui ne peut pas mal écrire.
Pas lu non plus. Mais on a vu des films transcender des textes médiocres (Million dollars baby par exemple), ou les massacrer (Polansky est un spécialiste du genre…). Alors, si le film est si bon (l’affiche est d’ailleurs très belle), ça ne veut pas dire que le roman l’est aussi. La vraie question, c’est de savoir pourquoi tu ne l’a pas lu ? Interroge les méandres de ton inconscient, petite grande Bessora. Il y a sûrement quelque chose là-dessous…
Ton papa a été en prison ? J’imagine qu’il a dû tenir tête à un pouvoir abusif. Un rebelle, comme sa fille.
Ton billet est bien. On a envie de savoir la fin parce qu’on se demande s’il est arrivé quelque chose à ce Mahi Binebine.
Merci François !
Ecoute… que je sache il ne lui est rien arrivé, en tout cas j’espère !
Big Bises de South Bend où je suis tout à fait jetlaguée…
Pas lu non plus. Mais on a vu des films transcender des textes médiocres (Million dollars baby par exemple), ou les massacrer (Polansky est un spécialiste du genre…). Alors, si le film est si bon (l’affiche est d’ailleurs très belle), ça ne veut pas dire que le roman l’est aussi. La vraie question, c’est de savoir pourquoi tu ne l’a pas lu ? Interroge les méandres de ton inconscient, petite grande Bessora. Il y a sûrement quelque chose là-dessous…
Ton papa a été en prison ? J’imagine qu’il a dû tenir tête à un pouvoir abusif. Un rebelle, comme sa fille.
Ton billet est bien. On a envie de savoir la fin parce qu’on se demande s’il est arrivé quelque chose à ce Mahi Binebine.
Merci François !
Ecoute… que je sache il ne lui est rien arrivé, en tout cas j’espère !
Big Bises de South Bend où je suis tout à fait jetlaguée…