Après le Royaume-Uni, Alpha est paru en Espagne, là-bas chez Gaudi, Cervantes et Norma Editorial…
L’Espagne, je la fréquente, flirt poussé depuis pas mal d’années, comment résister à Velasquez, Picasso et autres Dali. Sans parler de cette chaîne Wok dont j’ai oublié le nom, mais où la panse s’éclate. On la trouve à peu près partout en Europe sauf en France (et en Suisse, pas de bol).
C’est dire si j’étais heureuse d’apprendre la publication d’Alpha en Espagne. Barroux et moi-même avons été invités à le présenter à Madrid et Barcelone. Après un vol grippal (le virus était tapi dans le système de ventilation) nous avons été reçus comme des rois par le président Martinez. Rafael Martinez commence à travailler à l’âge de quatorze ans, dans un studio de dessinateurs. Puis il devient leur agent. Deux ans après la fin du franquisme, il fonde sa maison d’édition. Une petite pousse qui a quarante ans cette année, dix mille titres derrière elle, une nouvelle collection de livres jeunesse, un restaurant ouvert l’année dernière (le Glups !).
Et ce monsieur d’une intégrité parfaite paye ses consommations dans son propre restaurant, et achète les livres qu’il pourrait s’offrir dans la librairie qu’il a fondée en 1983 (souvenez-vous, cette année-là on s’est aperçu que François Mitterrand était un macroniste). Editeur indépendant, Rafael Martinez a aussi pensé et réussi son réseau de diffusion. Affaire saine, homme sain, équipe saine. Relations humaines, d’une grande humanité. Alpha l’a bouleversé.
Première étape, Madrid, et pincement au coeur car Alpha, le héros de notre livre, ne connaîtra jamais le faste d’une suite junior ou d’une baignoire à remous. Il n’était pas présent non plus à la FNAC et n’a jamais goûté au jambon ibérique… Mais c’est un héros, il existe par la fiction, ce mensonge qui dit la vérité. Par les livres, les films, les images, par toutes les formes d’art, Alpha entre dans notre imaginaire et nous hante. Il ne sera plus jamais un migrant sans visage.
Au dernier jour de ce voyage, face à ces deux amoureux enlacés devant la Mediterranée, une pensée douce amère m’est venue pour ceux qui voguaient dans leur horizon. 30 avaient fait les gros titres des journaux car ils étaient morts dans la nuit. Ils se sont présentés à mon esprit, eux qui reposent sous les vagues. Et leurs proches, qui ne connaîtront jamais le dénouement de leur aventure
Un billet émouvant…
Je te félicite pour le succès d’Alpha qui se poursuit et s’étend à l’international.
C’est une excellente chose. Pour la qualité de l’oeuvre et pour le témoignage qu’elle porte.