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Bessora

Tendre peau de vache

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Cueillez-moi jolie assistante sociale

février 20, 2017 par Bessora 1 Comment

Un extrait de mon roman je ne sais plus combien, mais dont je me rappelle le titre : Cueillez-moi Jolis messieurs fĂȘte ses dix ans en librairie.

« J’ai beaucoup pleurĂ©, Sieur crocodile, au cours de ce mois de novembre, mais ça ne m’a pas portĂ© chance. Ainsi, les assistantes sociales et socialistes
 fourmis peu prĂȘteuses, ça oui.
Gallimard

La premiĂšre affichait son mĂ©pris pour les personnes sans-emploi mais ne cachait pas son admiration pour les Ă©crivains. Surtout pour les Ă©crivains maudits comme elle se plaisait Ă  m’imaginer. En confiance, je lui servais les Ă©pisodes de ma vie, dans l’ordre, en finissant par mon hĂ©bergement chez Claire, puis le faux deux-piĂšces dont dĂ©jĂ , on prĂ©tendait m’expulser, et de la maniĂšre la plus expĂ©ditive.
Elle s’ Ă©mut de mon sort. Cependant, me dit-elle, je n’étais pas de cette Ă©lite recherchĂ©e par les offices HLM. Il eut fallu que mon emploi fut stable, et mes revenus, rĂ©guliers, et salariĂ©s, de prĂ©fĂ©rence. Certes, j’avais deux enfants, et c’était une bonne moyenne ; mais l’une Ă©tait malade, leur Ă©cart d’ñge Ă©tait suspect, d’ailleurs, n’étaient-elles pas nĂ©es de pĂšres diffĂ©rents, et dans des pays diffĂ©rents, et moi-mĂȘme, j’étais nĂ©e dans un troisiĂšme pays, la Belgique ? C’était amusant, mais ce n’était pas sĂ©rieux. Et compte tenu de
 comment dire
 l’instabilitĂ© de ma vie, pouvait-on espĂ©rer de moi de la stabilitĂ© dans le paiement d’un loyer ?

Altermondialisme
vu sur altersocial.blogspot.com

Et mon compagnon ?

Il Ă©tait mort, quel grand malheur, mais pour ĂȘtre honnĂȘte il eut Ă©tĂ© plus raisonnable de nous marier de son vivant, et aussi
 ce lymphome
 dont il Ă©tait dĂ©cĂ©dé  si jeune ?

Et si une nouvelle tuile me tombait sur la tĂȘte, qui paierait le loyer de mon logement social si on m’en donnait un ?

Bref, j’étais un cas presque social, elle me conseilla donc de chercher dans le logement privĂ©.

Je m’épanchai dans une nouvelle oreille, qui m’écouta longtemps dans un silence trĂšs professionnel, raconter les malheurs qu’elle connaissait par cƓur. Du haut de son grand Ăąge et de son expĂ©rience inouĂŻe, elle m’ Ă©claira.

– Mon pauvre petit. Qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse. Il y a pire. Pourriez-vous faire entrer la personne suivante en sortant s’il vous plaüt ?

Personne suivante. Mon oreille collĂ©e Ă  la porte. A l’issue d’une de ces longues Ă©coutes qui l’avaient rendue sourde, l’assistante sociale socialiste rassura cette personne suivante.

– Mon pauvre petit. Qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse. Il y a pire.

Et elle fit entrer la personne suivante, s’il vous plaüt.
Assistance sociale

Survivre à tout, malgré tout ?

La troisiĂšme tentative fut mon plus beau fiasco. D’abord, elle supportait mal que mon pĂšre ait Ă©tĂ© un riche diplomate. Elle m’aurait prĂ©fĂ©rĂ©e rescapĂ©e d’un gĂ©nocide quelconque, mĂȘme si elle trouva une maigre compensation dans le fait que mon pĂšre avait perdu sa fortune dans une campagne politique, puis la raison dans une geĂŽle. Mais elle ne me pardonna pas d’ĂȘtre calibrĂ©e pour ses plus hauts Ă©chelons :

– Avec vos beaux diplîmes, vous pouvez bien trouver du travail comme tout le monde !

C’était une femme jeune, acariĂątre, en sommeil. Je lui ai dit le fond de ma pensĂ©e.

– Comme vous, Madame, j’ai dĂ©jĂ  Ă©tĂ© esclave salariĂ©e. C’était ailleurs. C’était autrefois. Je m’ennuyais. La vie n’est pas faite pour s’ennuyer.

Je lui expliquai comment, dans une autre vie, j’avais gagnĂ© ma vie Ă  la perdre comme le fait encore ma sƓur aujourd’hui. Moi, j’avais dĂ©missionnĂ©. Eglantine, elle, souffre d’un ulcĂšre Ă  l’estomac et de mycoses gĂ©nitales. Je rappelai encore Ă  cette socialiste ce que les statistiques lui avaient enseignĂ© mĂȘme si elle feignait de l’ignorer : les femmes seules avec enfants ne valent rien sur le marchĂ© aux esclaves.

– Vous me direz, chĂšre Madame, que je n’aurais jamais dĂ» m’affranchir du marchĂ© du travail. Que je devrais me repentir et remettre mes chaĂźnes
 Eh bien non ! Je ne les remettrai pas. D’ailleurs plus personne ne veut m’enchaĂźner. Ma cĂŽte serait probablement meilleure sur le marchĂ© du sexe.

Philippe Meste
De Philippe Meste

Elle voulut me mettre à la porte, je résistai.

– Imaginons, chĂšre Madame, un marchĂ© idĂ©al, oĂč l’on se fiche de votre Ă©tat civil, du nombre et du sexe de vos enfants, de vos origines, de votre pĂ©rimĂštre fessier, de votre religion, de vos signes particuliers, des Ă©coles que vous avez frĂ©quentĂ©es, de l’adresse de votre dernier employeur, de votre numĂ©ro de sĂ©curitĂ© sociale, du certificat de mariage de vos parents, de l’identitĂ© de votre mĂ©decin traitant, de ce que vous pensez de l’homĂ©opathie, de l’acte de naissance de votre fille aĂźnĂ©e, de votre numĂ©ro d’allocataire, de vos allergies, de votre opinion sur le problĂšme du tatouage, de votre carnet de vaccinations, du dernier film que vous avez vu au cinĂ©ma, du renouvellement de votre tarif de cantine, de l’Irak et de l’Afghanistan, de la dĂ©viation de votre cloison nasale, du certificat mĂ©dical de votre neurologue, de votre bordereau fiscal P237, de l’élasticitĂ© de votre pĂ©rinĂ©e, du nombre et du sexe de vos frĂšres et sƓurs, de la couleur de vos yeux, des adresses oĂč vous avez rĂ©sidĂ© depuis votre naissance, de votre casier judiciaire, de vos hobbies, de vos motivations, de l’orthographe de votre nom de famille, des attestations de votre caisse d’allocations familiales, de votre taux d’alcoolĂ©mie aprĂšs un verre de rhum blanc, de vos insomnies, de votre secteur de scolarisation, de tout ce que vous avez ratĂ© ou rĂ©ussi dans votre existence.

Elle me mit Ă  la porte. Je criai :

– Est-ce lĂ  le marchĂ© du sexe !

Mon cul, c’est vrai, est aussi bien fait que ma tĂȘte. Avec mon joli cul, je peux bien faire la pute comme tout le monde.

Seulement j’ai trop d’amour pour mon derriĂšre. La croupe, Sieur crocodile, n’est-elle pas le fondement de l’humain ? Mon cul m’inspire la mĂȘme tendresse que l’équateur sĂ©parant mes hĂ©misphĂšres, le mĂȘme attachement que mes intestins spasmodiques, la mĂȘme affection que mon ventre amnĂ©sique, la mĂȘme sympathie que ma condition de mortelle. Un jour, j’espĂšre surmonter mon prĂ©jugĂ© sentimental pour embrasser le cynisme de tous les marchĂ©s. Car l’amour n’existe pas. Et Dieu non plus, tel est le fondement de tous les mercantilismes, et des socialismes d’aujourd’hui. »

On s’offre la suite de

Cueillez-Moi Jolis Messieurs

ICI

Filed Under: Celle qui partage

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Comments

  1. plus_de_patience says

    juin 9, 2017 at 8:11 pm

    On dit que les Ă©crivains n’Ă©crivent bien que le ventre vide. Pourquoi alors ne pas vous exercer Ă  la plume dans une de ces contrĂ©es si chaleureuses et si accueillantes qui ne versent ni le RSA ni d’autres subsides, permettant ainsi un exercice de l’art purement altruiste dĂ©livrĂ© de la pression des assistantes sociales.

    Répondre

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