Gabrielle d’Estrées est une rue à Paris, mais pas que, même si je vous dis pas son prix au mètre carré d’appartement : 12.784 € à la minute ou vous me lisez. C’est sûr, on peut trouver moins cher à Sarcelles, mais on n’y verra pas Gabrielle : c’est la maîtresse d’Henri IV, pas celle de Kamel 93.
Avant d’avoir été mise dans une rue (75007 Paris), elle s’était mise dans une baignoire, Gabrielle, du moins d’après celui qui l’a peinte en 1594. Tableau fort célèbre de l’école de Fontainebleau, vous savez, le bois joli, 3.467 € au mètre carré d’appartement à l’heure ou j’te parle (estime ton bien sur meilleursagents.com).
Voyez la jolie brunette qui délicatement pince le sein de la blonde entre ses doigts. Très érotique, évidemment. Mais il y a aussi la jalousie, la brunette le pressent, elle n’aura pas sa rue à Paris, elle, adieu le prix au mètre carré d’appartement, sans compter qu’elle n’est pas l’officielle d’Henri IV, elle, et que Kamel 93 n’est pas encore né. Elle est juste la soeur de Gabrielle, elle, une photocopie moins bien que l’originale même si elle est plus âgée. Mais elle vivra plus longtemps.
Ce pincement de téton administré par la duchesse de Villars à sa soeur d’Estrées nous délivre aussi un message : Gabrielle porte la progéniture du roi. Maternité cachée que révèle la pression du mamelon, d’où devrait jaillir bientôt le lait maternel (on verra bien). La future maman tient un anneau dans sa main gauche, symbole de son amour pour Henri, 4ème du nom. Mais il lui faudra quatre engrossements du vert galant, et trois enfants nés vivants (César, Catherine et Alexandre), pour qu’enfin il consente à l’épouser.



Hélas, Gabrielle meurt quelques jours avant sa consécration par l’union que tout Paris 7ème attendait, et que Sarcelles n’espérait plus.
Eclampsie puerpérale, soi-disant. Être enceinte me tue, aurait murmuré Gabrielle dans un dernier souffle, juste avant d’écrire Henri m’a tuer, en lettres de sang sur le mur de sa chambre. Mort surprenante que celle de la favorite du roi, Duchesse d’ordure et Putain à chien, comme on aimait à la surnommer affectueusement. Dans un sursaut d’affection, Henri IV rachète le domaine de Gabrielle après sa mort, et l’offre à sa nouvelle femme, une officielle nommée Marie de Médicis (elle n’est pas entrée dans l’Histoire, elle). Cette Marie, tombée dans les oubliettes de la mémoire, reçoit la donation pour la naissance de son petit Louis (13ème du nom).
Neuf ans plus tard, Henri IV a l’inélégance de mourir à son tour. Il est assassiné par l’odieux François Ravaillac, un catholique fanatique du mouvement Civitas, qui lui reprochait d’avoir professé la liberté d’expression des musulmans. Sous l’influence de sa Putain à chien, Henri IV eut en effet la folie de signer l’édit de Nantes.
Mais Ravaillac sera puni par écartèlement. Après que ses membres se seront détachés de son corps (en principe il sera déjà mort), quelques badauds insuffisamment repus du spectacle de son agonie se jetteront sur ses chairs en lambeaux pour les manger. Des fanatiques carnivore du mouvement Femen.
Pour finir en beauté, avant fermeture du blog pour vacances méritées, évoquons la soeur de Gabrielle, qui lui administra le pincement prémonitoire. Végétalienne de son état (de tendance intégriste), elle vivra jusqu’à 92 ans, sans connaître l’éclampsie, l’écartèlement ou le cannibalisme, ce qui eut été un comble pour une vegétalienne, même si la viande nourrie au grain a toujours meilleur goût.
A bas la farine animale, donc, et bonnes vacances.
Comment ça, fermeture pour vacances bien méritées ? Pfff… Tout fout le camp dans ce pays !
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