Outre son doigtĂ© au piano (mais pas que), les femmes lâadoraient.
Surtout les grand-mĂšres teintes en bleu.
Et lui adorait les garçons, qui le lui rendaient bien (le doigté toujours, mais pas que).
Il aimait aussi les costumes à fourrure et les perruques Ă frisures. Mais il aimait peu sa mĂšre : dĂ©licat passage de l’Ă©touffant vagin Ă la naissance. Sans compter que celui de sa mĂšre avait des dents).
Lâasphyxie maternelle sâest longtemps prolongĂ©e, sur un air de Chopin et de boogie-woogie. Toujours il prĂ©sente maman sur scĂšne avant le dĂ©but du concert. Les bleues mamies vont en pĂąmoison.
Bon fils, il ne boit pas, il ne jure pas, et il baise propre, alors sâil vous plaĂźt ne dites pas quâil est gay. Quand on est juif, mieux vaut le taire, quand on est noir, ne pas le montrer, quand on est gay, jouer les culs serrĂ©s.
Cependant, le show-man est un incurable du cul, toujours in love, des candélabres et de la jeunesse.
C’est donc un jeudi qu’il sâentiche dâun trĂšs beau garçon blond, virilitĂ© mĂątinĂ©e de femellitude, ĂȘtre composite tenant de l’Ă©pagneul Ă poil long et du Brad Pitt,  du pas clair et du mal tranchĂ©, quoi, tout ce quâune rĂ©publique une et indivisible se doit d’abhorrer, chez les gens, les arts et les institutions.
Ou tâaime les filles ou tâaime les garçons, ou tâes arabe ou tâes blanc, ou tâes une sainte ou t’es une pute, et puis câest quoi Le labyrinthe de Pan, câest un film politique ou de la science-fiction ? Faudrait voir un peu Ă clarifier ses positions, quand mĂȘme.
Ce qui est clair en tout cas, Ă propos de positions, câest que Scott sodomise trĂšs bien. Mais il ne veut pas se faire mettre, parce que câest dĂ©goĂ»tant. Dâailleurs, il aime aussi les femmes. Mais heureusement, Liberace a de l’appĂ©tit, pas besoin dâaller manger ailleurs.
Interdit d’enculage, Liberace nâen bande pas moins comme un Ă©talon, Ă©tonnons-nous: nâa-t-il soixante ans passĂ©s ? Tatatata, ne parles à personne de mon implant pĂ©nien. Please, chĂ©ri, maman ne sait pas, alors tais-toi, et ne va pas raconter que je porte une perruque, tout le monde croit mon pelage naturel.
Mine de rien, chéri aura bientÎt de quoi écrire une biographie⊠et puis un jour le film.
Câest quâil lâaime, son Liberace. MĂȘme sâil ne se laisse pas prendre par derriĂšre, il lâaime Ă en perdre la raison, son Ă©gocentrique, qui un jour lui promet de lâadopter. Preuve d’amour absolu pour qui a grandi dans une famille dâaccueil.
En retour, chĂ©ri accepte le bistouri, se faire refigurer, par un boucher-charcutier, Ă l’image de Liberace.
Deux pommettes lĂ , une petite fossette au menton, on te casse un peu le nez, et voilĂ , Liberace aura dĂ©sormais la sensation de se baiser lui-mĂȘme.
Dâailleurs, il vient de se faire lifter. Impossible de fermer les yeux, mĂȘme la nuit, quand il ronfle.
Parce quâil ronfle, Liberace, il se laisser-aller. La routine sâinstalle avec ses mauvaises habitudes, bientĂŽt il se mettra les doigts dans la bouche pour se curer les dents pendant le repas.
Non, il ne lâaime plus. Quand on aime, on ne se cure pas les dents Ă table !
Mon chĂ©ri, quâest-ce que tu imagines ! Tu es le plus bel homme du monde, je nâaime que toi. Malheur… Ă la table d’Ă cĂŽtĂ© on lui lance un sourire aguicheur.
Mais Liberace a faim de chair fraĂźche. Il ne supporte plus la viande faisandĂ©e. Alors voilĂ chĂ©ri virĂ© comme un vieux chien malade. Lâautre-lĂ , le monstre Ă perruque, câĂ©tait son pĂšre, son frĂšre, son amant, son mari, et sa femme, sauf quâil ne faisait pas la cuisine.
ChĂ©ri n’a plus personne. Il nâest plus personne. Pour redevenir quelquâun, il rĂ©clame sa part du butin. Confrontation devant le juge. Tranquille, Liberace nie leur histoire, en le regardant droit dans les yeux.
Chéri aura bientÎt de quoi écrire une biographie⊠et puis un jour le film.
Mais avant la vengeance, retour à la vie normale, deux ou trois bijoux souvenirs, quelques billets verts, un manteau blanc clignotant, avec sa traßne de douze mÚtres.
Supplice de lâanonymat.
Un jour sonnerie du tĂ©lĂ©phone, voix de mourant au bout du fil. ChĂ©ri, tu viendrais pas me voir Ă lâhosto ? Je suis en train de crever.
Câest avec toi que jâai Ă©tĂ© le plus heureux, avoue le reste dâhomme avant de succomber au Sida.
Le sida, il ne voulait pas non plus que ça se sache, rapport Ă son homophobie et tout et tout. Ses fans et le Ku Klux Klan n’auraient pas supportĂ©. DĂ©jĂ qu’ils ont des Juifs et des NĂšgres cachĂ©s dans leurs rangs. Alors des folles, t’imagines…
Ma bonne dame, Liberace était pédé ?
Moi qui étais amoureuse de lui.
Quel vilain garçon, quand mĂȘme.
Un beau film, hein ? Je suis content que tu lui consacres une page de ton blog…
adorĂ©…
Un beau film, hein ? Je suis content que tu lui consacres une page de ton blog…
adorĂ©…