Google Books en rĂȘvait, la BibliothĂšque Nationale de France l’a (presque) fait. Voici venue la Loi sur les livres indisponibles du 20Ăšme siĂšcle !
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500.000 malheureux introuvables en librairie. Beaucoup sous contrat d’Ă©dition, les auteurs ayant cĂ©dĂ© leurs droits pour l’Ă©ternitĂ©, mieux connue sous le nom de durĂ©e de la propriĂ©tĂ© intellectuelle. Bref, un CDD Ă vie + 70 ans aprĂšs ta mort. Et l’Ă©diteur s’engage Ă rendre tes livres disponibles dans cet intervalle dĂ©mesurĂ©. Mais 500.000 indisponibles aujourd’hui. Pour des auteurs non encore enterrĂ©s depuis 70 ans.
D’accord, des Ă©diteurs ont fautĂ©. Mais on ne va quand mĂȘme pas leur demander des comptes. Car il y a les Rapetou… pardon… le chevalier blanc : Google books… pardon… la BNF, raptera… pardon… numĂ©risera ces indisponibles, pour un public libĂ©ral… pardon… libertaire, avide de gratuitĂ©… pardon… de savoir.
Mais hĂ©las non,ce ne sera pas tout Ă fait gratuit. Une fois l’ouvrage numĂ©risĂ© par les Rapetou, pardon… par la BNF, Picsou, pardon… l’Ă©diteur d’origine (ou un autre, s’il y a des candidats), le diffusera et sera payĂ© au passage.
Hein, quoi, et Donald… pardon… et les auteurs dans tout ça ? Non, on n’a pas demandĂ© son avis Ă Donald.
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Les auteurs, on leur fait dĂ©jĂ l’aumĂŽne, Ă ces gens-lĂ .
Tout le monde sait qu’ils sont handicapĂ©s mentaux. Ils vivent d’amour et d’eau fraĂźche. Ils signent des contrats de 70 ans post-mortem (mĂȘme Donald ne fait pas ça).
En plus, il faudrait leur demander l’autorisation de piquer dans leur travail ?
Les payer correctement ?
Vous ne savez pas qu’Ă©crire est un hobby, pour bourgeois ou rentier trisomique ?
Non, Ă©crire n’est pas un mĂ©tier : gagner de l’argent de son art, c’est si vulgaire. C’est du moins ce que pensent les bourgeois, et les libertaires. Car le libertaire est un capitaliste sauvage grimĂ© en hippie. Et un Ă©crivain dans la chaĂźne du livre, c’est pire que Donald dans Donaldville : c’est un producteur de cacao dans la bourse des matiĂšres premiĂšres.
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J’t’y vends pas cher les indisponibles du 20Ăšme !
Google Books en rĂȘvait, de belles Ăąmes lui sont tombĂ©es dessus avant de s’en inspirer.
Et derriĂšre tout ça une chimĂšre, le cerveau du monde, la bibliothĂšque universelle numĂ©rique. Le Saint des saints dont rĂȘvait Google Books, qui concentrerait TOUS les savoirs. Enfin tous… mots livresques, de pas tous les livres, et de pas tout le monde. Mais qui se fait passer pour un universel et une totalitĂ©. Pourquoi pas. On reconnaĂźt bien au ski une valeur mondiale. Un championnat du monde de ski Ă Ouagadougou, j’aimerais voir ça.
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Alors la BNF fait ses listes : 60.000 indisponibles sur la premiĂšre. Non, cher Donald, pardon… cher auteur, pas le droit de refuser Ă la BNF d’entrer chez toi. Mais tu as l’autorisation de l’inviter Ă sortir, petit con. Demande un Opt Out, dans les formes et sous 6 mois..
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Moi, telle Daisy Duck (ou Miss Tick ?) j’ai slalomĂ©Â entre les gouttes : mes livres sont piĂ©gĂ©s, la BNF ne s’y est pas risquĂ©e ! Mais je reçois des mails, moi, de Clarabelle, qui a étĂ© marquĂ©e au fer rouge du registre Relire :
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« HELP ! Est-ce que je fais EN MEME TEMPS mon envoi Ă la Banque Nationale de France, pour refuser la rĂ©Ă©dition numĂ©rique, et Ă l’Ă©diteur pour rĂ©cupĂ©rer mes droits ? Ou je rĂ©cupĂšre d’abord mes droits, et ensuite j’Ă©cris Ă la BNF ? »
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Ouh, la vilaineuh, elle est indisponibleuh…
Humiliation, dit-elle. Allons bons, lâhumiliation nâest quâun sentiment, comme lâinsĂ©curitĂ© ! En vrai, ça nâexiste pas…
Honte du tatouĂ© malgrĂ© lui, dit-elle encore. Allons, allons, elle exagĂšre ! Ce tatouage-lĂ Â nâest pas indĂ©lĂ©bile, une lettre recommandĂ©e au tatoueur lâeffacera (avec copie de vos papiers dâidentitĂ©, SVP).
Elle n’arrĂȘte pas de se plaindre : mâenfin, est-ce quâon tatoue les gens sans leur demander leur avis ? Allons, allons, lui dis-je, rĂ©flĂ©chis : est-ce quâon demande leur avis aux enfants avant de les vacciner. Lâauteur est un enfant : le vacciner contre lâindisponibilitĂ© sert lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. Sinon, rougeole, oreillons, rubĂ©ole, et indisponibilitĂ©.
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Elle se dĂ©bat toujours â quelle enfant â, et â quelle horreur â, elle insulte lâauteur de lâauteur, Ă savoir lâĂ©diteur, son crĂ©ateur : câest Lui quâil fallait piquer ! aboye-t-elle. Comment je fais pour rĂ©cupĂ©rer mes droits si mon livre est disponible ?
Mon enfant, ne fais pas lâenfant, tu es une grande fille, fais-toi dĂ©tatouer sans douleur au laser (nâoublie pas de joindre tes papiers, pour vĂ©rification de ton identitĂ©). Une fois ton indisponibilitĂ© restaurĂ©e, rĂ©clame tes droits auprĂšs de ton CrĂ©ateur, car câest grĂące Ă Lui que tu es indisponible, quoique la Loi lâengage Ă Â lâinverse tout en lâencourageant au contraire. Paradoxe oblige, peut-ĂȘtre quâIl te rĂ©pondra quâen te dĂ©tatouant, tu as fait vĆu dâindisponibilitĂ©. Que se dĂ©tatouer, câest en quelque sorte revendiquer la cessation de lâexploitation permanente et suivie de ses livres. Bref, que câest avec ton aval quâIl nâa pas respectĂ© ses engagements. Que tu nâas donc rien Ă lui reprocher. Quâil ne te rendra pas tes droits, na.
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Absolument, la Loi sur les livres indisponibles est une exception au droit dâauteur. Mais des exceptions, Clarabelle, il en faut pour quâil y ait une rĂšgle gĂ©nĂ©rale. Vois la grammaire française, elle est bourrĂ©e dâexceptions tout aussi perverses !
Alors ne viens pas mâemmerder avec tes indispositions. Surveille plutĂŽt tes redditions de compte : si ton Ă©diteur ne te les envoie pas dans les dĂ©lais lĂ©gaux, sache quâau bout de  â(a +b)ζ2+ ((6 mois +â
) / 2 ans)*[POD non comprise], tu pourras récupérer tes droits !
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François Prunier says
L’idĂ©e que tous les livres soient numĂ©risĂ©s et disponibles est plutĂŽt sĂ©duisante. Le problĂšme, c’est l’exploitation des auteurs. Mais ce n’est pas nouveau : ça fait des siĂšcles que ça dure…
Autre chose. Avant internet, c’Ă©tait la croix et la baniĂšre pour trouver un livre Ă©puisĂ©. Maintenant, on trouve tout en un clic. C’est bien pour les lecteurs. Pour les auteurs, c’est agrĂ©able de penser que leurs livres sont toujours accessibles mĂȘme lorsqu’ils sont Ă©puisĂ©s chez l’Ă©diteur, agrĂ©able de constater qu’ils circulent toujours. Mais le revers de la mĂ©daille, c’est que les occasions font chuter le marchĂ© du livre neuf : on trouve les services de presse Ă prix cassĂ©s sur internet alors que le livre vient d’arriver sur les rayons… MoralitĂ© : Ă©crire des romans devient aussi peu rentable qu’Ă©crire des poĂšmes. La poĂ©sie a survĂ©cu bon an mal an : les poĂštes savent qu’ils ne vivront jamais de leur plume. DĂ©sormais, il en ira de mĂȘme des romanciers. La possibilitĂ© Ă©tait infime, mais certains chanceux en profitaient. BientĂŽt, ce sera fini pour tout le monde. Tous les auteurs seront contraints Ă composer avec un autre gagne-pain. Le prix unique du livre a prĂ©servĂ© un tant soin peu le marchĂ© français pendant trente ans. Mais la technologie nous rattrape. C’est fini. Seuls les produits commerciaux (thrillers et autres merdes Ă l’eau de rose) permettront Ă certains auteurs de vivre encore de leur plume. Pour les autres, ter-mi-nĂ© ! Au moins, ceux qui avaient cette chance mais pas plus de talent que nous arrĂȘteront peut-ĂȘtre de nous mĂ©priser (on se console comme on peut). Moi, je continuerai d’Ă©crire et, si je peux, de publier. On verra les vrais, ceux qui continuent, et les imposteurs, qui vont passer Ă autre chose (oui, on se console comme on peut). Mais ce sera encore plus dur d’ĂȘtre publiĂ© : les Ă©diteurs Ă©taient dĂ©jĂ frileux, craintifs, allergiques Ă toute prise de risque, alors maintenant, qu’est-ce que ça va ĂȘtre…
François Prunier says
L’idĂ©e que tous les livres soient numĂ©risĂ©s et disponibles est plutĂŽt sĂ©duisante. Le problĂšme, c’est l’exploitation des auteurs. Mais ce n’est pas nouveau : ça fait des siĂšcles que ça dure…
Autre chose. Avant internet, c’Ă©tait la croix et la baniĂšre pour trouver un livre Ă©puisĂ©. Maintenant, on trouve tout en un clic. C’est bien pour les lecteurs. Pour les auteurs, c’est agrĂ©able de penser que leurs livres sont toujours accessibles mĂȘme lorsqu’ils sont Ă©puisĂ©s chez l’Ă©diteur, agrĂ©able de constater qu’ils circulent toujours. Mais le revers de la mĂ©daille, c’est que les occasions font chuter le marchĂ© du livre neuf : on trouve les services de presse Ă prix cassĂ©s sur internet alors que le livre vient d’arriver sur les rayons… MoralitĂ© : Ă©crire des romans devient aussi peu rentable qu’Ă©crire des poĂšmes. La poĂ©sie a survĂ©cu bon an mal an : les poĂštes savent qu’ils ne vivront jamais de leur plume. DĂ©sormais, il en ira de mĂȘme des romanciers. La possibilitĂ© Ă©tait infime, mais certains chanceux en profitaient. BientĂŽt, ce sera fini pour tout le monde. Tous les auteurs seront contraints Ă composer avec un autre gagne-pain. Le prix unique du livre a prĂ©servĂ© un tant soin peu le marchĂ© français pendant trente ans. Mais la technologie nous rattrape. C’est fini. Seuls les produits commerciaux (thrillers et autres merdes Ă l’eau de rose) permettront Ă certains auteurs de vivre encore de leur plume. Pour les autres, ter-mi-nĂ© ! Au moins, ceux qui avaient cette chance mais pas plus de talent que nous arrĂȘteront peut-ĂȘtre de nous mĂ©priser (on se console comme on peut). Moi, je continuerai d’Ă©crire et, si je peux, de publier. On verra les vrais, ceux qui continuent, et les imposteurs, qui vont passer Ă autre chose (oui, on se console comme on peut). Mais ce sera encore plus dur d’ĂȘtre publiĂ© : les Ă©diteurs Ă©taient dĂ©jĂ frileux, craintifs, allergiques Ă toute prise de risque, alors maintenant, qu’est-ce que ça va ĂȘtre…
le vrai et seul bruno says
Ah ! Les auteurs qui sont des libertins sans honte et sans vergogne se retrouvent dévorés par le monde libéral. Le temps de la purification est arrivé. JNVSTP
le vrai et seul bruno says
Ah ! Les auteurs qui sont des libertins sans honte et sans vergogne se retrouvent dévorés par le monde libéral. Le temps de la purification est arrivé. JNVSTP