La stupéfiante nouvelle m’arrive par la radio : le travail ne sera plus rémunéré. Dorénavant, ceux qui travaillent correctement pour la collectivité recevront des récompenses et non plus des salaires. Les autres auront des punitions.

Mais dans quel monde vivons-nous depuis ce matin ? Affolée, je quitte mon petit deux pièces pour prendre l’air du temps comme il va. J’interroge le premier passant, un intello précaire à lunettes et à poncho péruvien.
Cette histoire de salaires, vous avez entendu ?
A ces mots, il me sort sa carte du parti socialiste :
Je suis écologiste, m’apprend-il. Le libéralisme est mort dans la nuit. Et depuis hier, nous vivons sous le régime de la liberté. Vous n’avez pas su ?
Su quoi ?
Le coup d’état de cette nuit. Pas besoin d’élection puisque tout le monde est d’accord. En tout cas, avant notre coup d’état, déjà, nous nous étions engagés dans une refonte totale de la société capitaliste.
Et là, il me récite un poème :
Nous, la gauche, nous avons pu évoquer à de nombreuses reprises notre engagement pour la culture, l’éducation, et l’économie. Depuis la primauté du vecteur Internet, nous avons évolué d’une culture de la consommation vers une culture de la contribution : à la place des salaires, chacun recevra dorénavant une récompense financée par le mécénat, la subvention, le microcrédit et l’actionnariat citoyen. Voilà, Voili, Voilou, c’est les nouvelles Tables de la Loi.

Mais enfin ! Je gagnais déjà tellement peu d’argent, avant !
Justement, me répond le zélateur des Tables de la Loi. A quoi bon une fiche de salaire puisque votre rémunération est si dérisoire? Et ce matin, nous avons annoncé aux financiers que nous ne rembourserions pas notre dette publique. Bon. La Chine nous a déclaré la guerre. C’est pas grave, nous aussi on a la bombe atomique. Bon. Parce que le droit le plus fondamental du peuple, ce n’est pas l’éducation, la santé, et tout ça. Son droit c’est la GRATUITE. Rien, ni personne, n’ayant de valeur, le peuple doit pouvoir accéder gratuitement à son yaourt nature, à sa voiture, à son logement, à sa culture. C’est pour ça que toi, qui es comptable chez Danone, concessionnaire chez Renault, maçon dans le bâtiment, tu DOIS renoncer à ton salaire.
Oh vous savez, moi, mon salaire, c’est des droits d’auteur : je suis traductrice de livres anglais pour enfant.
L’argent, c’est vil ! Personne n’en a besoin ! Surtout pas toi.

C’était mieux du temps de l’esclavage, vous voulez dire ? Quand le maître logeait et nourrissait ses serfs ? Mais moi qui suis auteur ?
Nous ne sommes pas idiots ! On sait bien que chez DANONE, RENAULT, ou dans le bâtiment, les gens sont toujours attachés à l’argent ! La Culture va donc nous servir de laboratoire : on commencera par supprimer les salaires des compositeurs, des scénaristes, des écrivains, des doubleurs, des sous-titreurs, des paroliers, des photographes… Les artistes, ce qu’ils font, ce n’est pas un vrai métier. Ces gens-là n’ont pas de profession.
Un auteur, c’est quelqu’un qui a des cheveux blancs et qui vit dans une grotte où il fait de la sorcellerie ?
C’est un pur esprit, tu l’as dit.
Il ne mange ni ne boit…
Il n’a besoin de rien. C’est un bourgeois ! Pourquoi aurait-il un salaire, ce sale capitaliste ? Pour empêcher les gens d’accéder gratuitement à la culture, et aux biens de consommation ? Le droit d’auteur, comme les salaires, est une entrave à la liberté de la collectivité ! La collectivité a besoin de se nourrir… et de se cultiver gratuitement.
Ouais le samedi soir, tout le monde regarde Arte, c’est bien connu. En tout cas, pour un écolo-gaucho, vous avez une conception très catho de la culture.
Point du tout, madame ! La gauche n’est pas conservatrice ! Elle est ré-no-vée. Sur la liberté, par exemple, je vous dirais comme DSK : « Non, monsieur le juge, je ne l’ai pas violée ! Le viol, c’est quand on ne veut pas ! Et moi j’voulais ! ».
C’est Coluche qui a dit ça.
Oui mais DSK lui, il a eu le courage de le faire !
Diffamation… Et sur l’égalité, vous diriez quoi ?
Je dirais que je peux jouer de la guitare aussi bien que Jimi Hendrix. Alors je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas faire l’Olympia, moi aussi.
Mais… qui êtes vous, espèce de sale enfant pourri gâté prétentieux ?
Nom : Libertaire. Prénom : Ultra.
Vous ne seriez pas de la famille d’Ultra Libéral ?
C’est mon cousin germain. Du côté de ma mère.
Et vous vous ressemblez beaucoup tous les deux, non ?
Comment avez-vous deviné ?
Oh… j’imagine.
Je ne sais plus qui disait que la France avait deux partis de droite, dont un qui s’appelait la gauche…
Alors-là, Jean-Luc, c’est sûr, tu t’es trahi, tu es démasqué, ton nom c’est Mélanchon !
Bon, on s’appelle on s’fait une bouffe ? J’t’invite à la Tour d’Argent et après tu me payes la suite au Ritz, on va jouer à DSKékette, mais j’te préviens, c’est moi qui met la kékette !
Je ne sais plus qui disait que la France avait deux partis de droite, dont un qui s’appelait la gauche…
Alors-là, Jean-Luc, c’est sûr, tu t’es trahi, tu es démasqué, ton nom c’est Mélanchon !
Bon, on s’appelle on s’fait une bouffe ? J’t’invite à la Tour d’Argent et après tu me payes la suite au Ritz, on va jouer à DSKékette, mais j’te préviens, c’est moi qui met la kékette !
Si c’est ça, je fiche plus rien (c’est-à-dire que j’arrête de méditer-dormir-prier toute la sainte journée), comme ça, je serai punie, youpiiiiiiiiii !
Si c’est ça, je fiche plus rien (c’est-à-dire que j’arrête de méditer-dormir-prier toute la sainte journée), comme ça, je serai punie, youpiiiiiiiiii !
De toute façon, tout est foutu, on va tous crever, alors… après tout on n’est que des sacs à viandes (ou des sacs d’os, c’est selon) destinés à pourir et à engraisser les violettes, et les violettes elles-mêmes, elles disparaîtront, y restera rien, on sait que le soleil va s’éteindre d’ici quelques milliards d’années, et d’ici là, on a une probabilité réelle de recevoir un météore sur le coin de la gueule, ou une bombe à neutrons en plein dans la coquille, et puis on est trop nombreux, ça nous fera crever, alors à quoi bon travailler, autant se coucher-là, dormir et crever…
De toute façon, tout est foutu, on va tous crever, alors… après tout on n’est que des sacs à viandes (ou des sacs d’os, c’est selon) destinés à pourir et à engraisser les violettes, et les violettes elles-mêmes, elles disparaîtront, y restera rien, on sait que le soleil va s’éteindre d’ici quelques milliards d’années, et d’ici là, on a une probabilité réelle de recevoir un météore sur le coin de la gueule, ou une bombe à neutrons en plein dans la coquille, et puis on est trop nombreux, ça nous fera crever, alors à quoi bon travailler, autant se coucher-là, dormir et crever…
Je sais jamais pour qui voter. Tout ça ne m’aide pas. Si j’avais de l’argent, je voterai à droite. Si j’étais pauvre, je voterai à gauche. Mais je suis entre les deux. Si la gauche passe, elle va augmenter les impôts. Si la droite passe, elle va déteriorer mes conditions de travail au profit du patronat. Sur le fond, je pense qu’un gouvernement de centre gauche est ce qu’il y a de moins mauvais pour tout le monde. L’extrême gauche nous mènerait à la ruine (est-ce bien sûr ?) et tout ce qui est à droite n’a aucun sens de l’équité. Alors, prendre le moins mauvais ? Oui mais, voilà, est-ce que ça change grand-chose ? Oui, quand même, qui a fait les premiers congés payés ? la sécurité sociale ? les trente-cinq heures ? La gauche. En me relisant, je me dis que je sais pour qui voter. Sauf que, pfff… il y a des mesures de droite que j’aime bien quand même et des mesures de gauche que je déteste. Il me reste la possibilité de voter blanc (tient on pourrait aussi bien dire « voter noir » puisque c’est un vote qui ne se prononce pas). Et après ? Ne pas voter du tout ? Ca m’embête un peu, quand je pense à ceux et celles qui n’ont pas le droit de vote. Déjà que ceux qui ont le pouvoir ne cesse d’en abuser, si en plus ils n’étaient pas obliger de recueillir le suffrage des urnes, ils seraient encore pires, sans limite aucune. Que faire ? Que faire ? Retourner manger, se masturber et dormir, c’est le mieux. Oui mais, pour ça, il faut de l’argent, donc du travail… Oh, tu nous fatigues, ferme-là !
Ca c’est bien les chats !
Ils ne pensent qu’à dormir, à râler après leur pâtée, ou à courir après nous autres gentilles souris travailleuses et autres beaux oiseaux poétiques…
Ecoutez moi Bébert, M Gris, Félix, Sylvestre, chat blanc du réseau Feu Vert et Gros Minet : soyez po-si-tifs !
J’aime bien les souris, j’aime bien les oiseaux, j’aime bien Bessora, j’adore les chats… mais je hais les pitbull, les dobermans, les bergers allemands, les chiens de garde et les chiens de chasse… Les chiens c’est con ! Ca aboit ! Ca chie partout ! C’est bruyant, sale, agressif… D’accord pour les chiens d’aveugles et les Saint-Bernard mais les autres, à MORT ! C’est pourquoi j’ai décidé de créer mon parti politique et de me présenter à l’élection présidentielle. Mon programme ? MORT AUX CHIENS !
Salaud !
Je sais jamais pour qui voter. Tout ça ne m’aide pas. Si j’avais de l’argent, je voterai à droite. Si j’étais pauvre, je voterai à gauche. Mais je suis entre les deux. Si la gauche passe, elle va augmenter les impôts. Si la droite passe, elle va déteriorer mes conditions de travail au profit du patronat. Sur le fond, je pense qu’un gouvernement de centre gauche est ce qu’il y a de moins mauvais pour tout le monde. L’extrême gauche nous mènerait à la ruine (est-ce bien sûr ?) et tout ce qui est à droite n’a aucun sens de l’équité. Alors, prendre le moins mauvais ? Oui mais, voilà, est-ce que ça change grand-chose ? Oui, quand même, qui a fait les premiers congés payés ? la sécurité sociale ? les trente-cinq heures ? La gauche. En me relisant, je me dis que je sais pour qui voter. Sauf que, pfff… il y a des mesures de droite que j’aime bien quand même et des mesures de gauche que je déteste. Il me reste la possibilité de voter blanc (tient on pourrait aussi bien dire « voter noir » puisque c’est un vote qui ne se prononce pas). Et après ? Ne pas voter du tout ? Ca m’embête un peu, quand je pense à ceux et celles qui n’ont pas le droit de vote. Déjà que ceux qui ont le pouvoir ne cesse d’en abuser, si en plus ils n’étaient pas obliger de recueillir le suffrage des urnes, ils seraient encore pires, sans limite aucune. Que faire ? Que faire ? Retourner manger, se masturber et dormir, c’est le mieux. Oui mais, pour ça, il faut de l’argent, donc du travail… Oh, tu nous fatigues, ferme-là !
Ca c’est bien les chats !
Ils ne pensent qu’à dormir, à râler après leur pâtée, ou à courir après nous autres gentilles souris travailleuses et autres beaux oiseaux poétiques…
Ecoutez moi Bébert, M Gris, Félix, Sylvestre, chat blanc du réseau Feu Vert et Gros Minet : soyez po-si-tifs !
J’aime bien les souris, j’aime bien les oiseaux, j’aime bien Bessora, j’adore les chats… mais je hais les pitbull, les dobermans, les bergers allemands, les chiens de garde et les chiens de chasse… Les chiens c’est con ! Ca aboit ! Ca chie partout ! C’est bruyant, sale, agressif… D’accord pour les chiens d’aveugles et les Saint-Bernard mais les autres, à MORT ! C’est pourquoi j’ai décidé de créer mon parti politique et de me présenter à l’élection présidentielle. Mon programme ? MORT AUX CHIENS !
Salaud !
Dis Bessora, je peux me marier avec toi ?
Réfléchis : si M Pays-Bas est élu, les lunettes-jouflues-calvities auront la cote à travers tout le pays. Alors avec moi à ton bras, tu s’ras à la mode, tout le monde te lira… Aller quoi, réfléchis, tu sais, je suis gentil et j’ai lu tous tes livres ! Et puis j’ai une toute petite queue pas méchante. Je sais faire la cuisine. Je suis propre.
Dis Bessora, je peux me marier avec toi ?
Réfléchis : si M Pays-Bas est élu, les lunettes-jouflues-calvities auront la cote à travers tout le pays. Alors avec moi à ton bras, tu s’ras à la mode, tout le monde te lira… Aller quoi, réfléchis, tu sais, je suis gentil et j’ai lu tous tes livres ! Et puis j’ai une toute petite queue pas méchante. Je sais faire la cuisine. Je suis propre.
Bon mes amis, vous semblez vous éloignez du sujet, là… Arrêtez de digresser sans cesse, c’est fatigant à la fin.
Bon mes amis, vous semblez vous éloignez du sujet, là… Arrêtez de digresser sans cesse, c’est fatigant à la fin.
Au contraire, dégraissons, dégraissons, délocalisons !
(Raffarain se prononce « Raffareine », comme « Rain Man », comme « haine »)
Au contraire, dégraissons, dégraissons, délocalisons !
(Raffarain se prononce « Raffareine », comme « Rain Man », comme « haine »)
Coluche ! Lève-toi et marche…
Coluche ! Lève-toi et marche…
C’est bientôt Noël !
Donnons-nous la main, réconcilions-nous, faisons-nous la bise et dansons tous en rond !
C’est bientôt Noël !
Donnons-nous la main, réconcilions-nous, faisons-nous la bise et dansons tous en rond !
Moi, je suis pour la gynocratie !
Tous les hommes au boulot non rémunéré et pour le compte des Femmes ! Et que ça saute !
Moi, je suis pour la gynocratie !
Tous les hommes au boulot non rémunéré et pour le compte des Femmes ! Et que ça saute !
Je réclame des droits d’auteur, rapport à l’illustration. C’est moi le premier qui ait fait le grand écart entre deux chaises au cinéma !
Je réclame des droits d’auteur, rapport à l’illustration. C’est moi le premier qui ait fait le grand écart entre deux chaises au cinéma !
C’est vrai, ça, pourquoi qu’y s’raient payés ?
Pour payer des impôts, pardi !
C’est vrai, ça, pourquoi qu’y s’raient payés ?
Pour payer des impôts, pardi !
Dominés du monde, unissez-vous ! Une seule rémunération, un seul salaire… la fe..ée !
Dominants du monde, unissez-vous ! Sus aux gueux ! Ecrasons la vermine ! Qu’ouis-je ? La populace aurait une langue ? Elle s’exprimerait ! Cessons là cette absurdité ! Si langue elle a, ce doit être pour nettoyer nos bottes !
Dominés du monde, unissez-vous ! Une seule rémunération, un seul salaire… la fe..ée !
Dominants du monde, unissez-vous ! Sus aux gueux ! Ecrasons la vermine ! Qu’ouis-je ? La populace aurait une langue ? Elle s’exprimerait ! Cessons là cette absurdité ! Si langue elle a, ce doit être pour nettoyer nos bottes !
Les artistes seront toujours utiles, car lorsque deux pays n’ont pas réussi à signer un accord militaire ou un accord financier, ils signent un accord culturel.
Les artistes seront toujours utiles, car lorsque deux pays n’ont pas réussi à signer un accord militaire ou un accord financier, ils signent un accord culturel.