Je ne l’ai jamais vue mais je m’en souviens très bien

Pourquoi la 5^ème République ? Son super patron qu’on idolâtre ou qu’on  vomit ?

C’est que le peuple, dirait la 5^ème, est crétin. Point du tout, rétorquera l’humaniste : le peuple est vertueux, tel un bon sauvage.  Que nenni s’obstinera la 5ème, le peuple est primaire. Il a toujours préféré qu’un énarque décide à sa place.

Or un jour, 53,2% de ces électeurs primitifs ont fait ce rêve étrange et pénétrant : un président qui ne serait ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre ; ils ont rêvé d’un dictateur à leur image.

Leur voeu s’est-il réalisé ?

Entre autres qualités,  Nicolas Sarkozy de Nagy Bosca possède un certificat d’aptitude à la profession d’avocat, obtenu avec tout juste la moyenne.  En cela, il nous ressemble : un cancre, c’est comme un pauvre, ça force la sympathie.  Comment ne pas se réjouir du destin présidentiel d’un pauvre cancre. Il n’est plus interdit de rêver.

Seulement il ne suffit pas d’être médiocre pour réaliser ses rêves, encore faut-il porter une particule hongroise.

Ne reste au bon peuple que l’envie. Nicolas Paul Stéphane S. de Nagy-Bocsa lui-même n’en est pas à l’abri. Dans sa jeunesse, il envia les plus beaux, les plus forts, les encore plus riches. Plus tard, il sut coaliser les plus ternes pour abattre  les plus brillants : l’oligarchie plutôt que l’élite. C’est aussi le principe des émissions les plus populaires sur TF1 : le Maillon Faible,  Koh Lanta,  Secret Story.

Personnellement, j’adore Koh Lanta. Je n’y tiendrais probablement pas  plus d’une semaine. J’y commettrais peut-être un meurtre avant d’être éliminée. Mais Nicolas P. S. S.  de Nagy-Bocsa, lui,  gagnerait-il la finale ?

Passons en revue ses précédents trophées…

1980. DEA avec mention.  Personne ne semble avoir jamais vu ce diplôme, mais une université atteste oralement  de son existence. Pourtant,  par un phénomène très étrange, la seule pièce qui pourrait le prouver a disparu des archives bien tenues de cette académie.

Un peu plus tard.  Nicolas sort  de Sciences Po. C’est-à-dire avant la fin de son cursus. Bon. Et après ? Il en est quand même sorti,  non? Oui, il a dû passer une  porte pour en sortir.

Qui n’adore pas détester ce genre de bonhomme.  Celui qui triche,  trahit, avilit,  et gagne finalement Koh Lanta, Secret Story, le Maillon Faible, l’élection présidentielle.

Mais si les cancres sont sympathiques, pourquoi Nicolas  a-t-il gonflé son CV ? Pour plaire au peuple ? Le peuple est-il schizophrène ? Voyons voir… il ne supporte pas l’injustice, mais il aime bien qu’on l’écrase un peu. Sinon, contre quoi il se révolterait ? Une grève, par exemple, c’est plus festif qu’un référendum. Et on y défend bien mieux  sa retraite que son romanichel. Point de grand mouvement pour les Roms. Leur préfèrerait-on les success stories ? Les stories à la Nicolas Sarkozy. Nicolas,  le pauvre cancre qui a réussi. À t’enfumer.

Mais n’allons pas reprocher à Nicolas ses méthodes d’enfumage. Il n’est pas le mal, il est le symptôme du nihilisme à la française,  idéologie moderne qui a ses avantages ( pour certains ) : les bourreaux y deviennent des victimes ; les lâches en sont les héros. Et n’oubliez jamais  de mentir pour faire valoir la vérité.

Prenez ce journaliste du Point. Son employeur lui commande un papier sur les femmes de polygames. N’en connaissant aucune personnellement,  il en commande une par téléphone, auprès d’un fixeur de banlieue ( un Arabe, oui ).  Le journaliste ne sort pas de son bureau. Il ne voit personne.  Mais il publie son papier quand même.  La femme de polygame, précise-t-il, était légèrement scarifiée. Il s’en souvient très bien même s’il ne l’a jamais vue. Bientôt,  il est démasqué. L’incident est rendu public. Mais on ne va pas en faire une affaire. Ce journaliste est-il même un mystificateur ?

Point du  tout. Il est victime d’une manipulation.  Le coupable, c’est l’Arabe qui l’a piégé au téléphone. Le Point diligente une enquête.  Sur l’Arabe qui s’est bien fait mousser. Voici.

Descartes nous a donné la Raison. Depuis trois siècles, elle nous sert d’alibi, merci. Drapés d’innocence cartésienne, on laisse commander les  affects les plus misérables.

La France, c’est un peu l’Afrique centrale. Mais l’Afrique centrale, elle, ne fait pas semblant.