Gorille de sexe féminin, de dos argenté, et de genre multiple, je n’ai pas de porc à balancer. Sans vouloir me rendre suspecte d’intelligence avec l’ennemi, je voudrais relayer ici le témoignage d’un représentant de la gent porcine, qui n’est pas tout à fait un porc, mais un gorille à demi-chimpanzé.
« Je m’appelle Cheeta (s’il vous plaît, ne le mettez pas dans votre article). C’est un nom de fille mais sans contrefaçon je suis un garçon. Avant toute chose, je voudrais dire que je comprends qu’on identifie les porcs à la perversité, et que je comprends pareillement qu’on puisse me confondre avec eux : nous autres gorilles sommes si proches des cochons, surtout quand nous sommes à moitié chimpanzé. Mais quand même, je voudrais raconter comment j’ai moi-même subi les attouchements d’une truie.
Elle m’avait invité dans sa chambre pour la lecture d’un scénario dont elle était la productrice, une adaptation de la ferme des animaux d’Orwell. J’étais pressenti pour le rôle d’un vieil âne ( un rôle de composition). Nous étions donc assis sur le lit. Par la carrure, évidemment je surpassais Juliette (c’est son prénom, mais ne le mettez pas dans votre article s’il vous plaît, sinon je suis grillé dans la profession). Par son pouvoir, elle me dominait : productrice et réalisatrice du film, elle s’était aussi attribué le rôle de Napoléone, truie en chef de la ferme des animaux. Aussi, quand elle a empoigné mes testicules, je n’ai pas été en mesure de me défendre.
Mes burnes en main, elle a dit La violence est mon droit, moi la victime, toi le bourreau. Bien que n’ayant pas souvenance d’avoir torturé quiconque, je me suis senti coupable, alors je l’ai laissée faire sans rien dire. Pourtant, je souffrais, et j’ai souffert encore plus quand elle a serré plus fort en me disant que mes couilles étaient des ovaires, dégénérés, d’une dégénérescence consécutive à une descente des mes organes : à l’état de foetus, me dit-elle, tu fus fille. Mais au troisième mois de ta gestation tes ovaires sont tombés entre tes jambes, alors tu es devenu ce sale porc.
L’agression sexuelle terminée, je n’ai pas eu le rôle du vieil âne. Alors je me suis fendu d’un #balancetatruie, sur facebook. Mais aucun like, pas le moindre partage, juste un commentaire anonyme : Sale porc, étant donné ta très longue histoire de violence faite aux femmes, au nom de toutes les femmes que je représente, je te condamne à bouffer de la bite, et j’en réfère immédiatement à la haute autorité à l’égalité des hommes et des femmes. Inutile de chercher une trace de cette discussion sur mon fil d’actualités, je l’ai supprimée avant que d’autres insultes ne déferlent.
Certes, le mâle est généralement un porc, la statistique le dit entre autres généralités éclairantes. Les réseaux sociaux le disent aussi, avec cette distance critique et ce sens de l’analyse tout à fait percutant. Si je puis m’exprimer, non en tant que variable ou en tant que concept, mais en tant que personne, je voudrais dire que ma verge et moi-même ne nous souvenons pas avoir fourré de vagin non consentant. Ma timidité, qui est une maladie, m’empêche généralement d’aborder tout partenaire éventuel. D’un point de vue statistique, je n’approche que 2% des personnes qui me regardent avec insistance. Mâles ou femelles, je pratique les deux, et les deux me pratiquent. Je peux ainsi certifier que mon anus n’a jamais été outragé sans mon consentement éclairé. De même, je n’ai jamais violé le trou de balle de quiconque (sauf pratiques sado-masochistes, mais dans ce cas je fais signer une décharge, et j’en signe une moi-même).
Mais voilà, une présomption porcine pèse contre moi. Faudra-t-il que je finisse découpé en côtelettes, et qu’on me mange sans me cuire ni m’anesthésier ? Souvenez-vous de #balancetonravaillac. Après qu’il ait violé Henri IV avec son poignard, il y a eu cette haine collective, cette détestation générale qui a justifié qu’on écartèle le porc Ravaillac. Puis on en a mangé les morceaux éparpillés parce que c’était du pur porc.
D’accord, la violence ne devrait jamais s’exercer contre les femmes. Elle devrait ne s’exercer que contre les non femmes, car ils.elles sont des objets. Bats donc ta chose, si ce n’est une femme les vaches seront bien gardées.
Tout ça n’est pas très casher !
JNVSTP
Je suis un porc émissaire
Ennemi du commissaire;
Né de travers, déporté des enfers,
Je marche à l’envers la porte dernière;
Tue-toi pour ta mère m’a dite une panthère
Un soir où j’errai dans les champs des chanvrières.
Pleureras-tu lors de mes funérailles ?
Assécheras-tu l’arme du sérail ?
Pour des rails je me jette sous les rails,
Que la plèbe à jamais me raye et raille !
J’étais un con qui jouait la canaille,
Je finis cône sans faire bataille.
Saumon Camphré