Aujourd’hui, je me marie. J’ai quatorze ans. C’est un mariage forcé. Mon père n’y sera pas : il est mort assassiné par un barbu sur la voie publique. Alors votons Macron, barrage à la violence !

Vous connaissez cet intégriste notoire. Il a tué Henri IV sous prétexte qu’il allait voter blanc aux prochaines élections présidentielles. Or c’est faux ! Papa n’aurait jamais voté blanc, c’est un démocrate : il avait promis d’étriper quiconque ne voterait pas contre Marine Le Pen ! Papa est quand même le grand-père de Louis XIV. Quel meilleur gage de son sens de la responsabilité politique ?

Papa a donné la Nouvelle-France à l’Amérique. C’est à lui que l’on doit l’Acadie, Québec et compagnie.
Lui qui a inventé l’Amérique, il ne méritait pas de mourir. Surtout en public, surtout sous les quolibets. Et la foule qui hurlait Nous sommes tous Macron ! Mais papa aussi, il était Macron !
Alors l’assassin de mon père a été convaincu de crime de lèse-Majesté, pour le très méchant, très abominable et très détestable parricide, commis sur la personne du feu Roi qui allait voter Macron.
J’aurais volontiers bu le sang de ce barbu de Ben Laden Ravaillac, dans une coupe d’or et d’agates. Car on a su, par la suite, que cet intégriste était en réalité un lepéniste : il avait prévu d’aller à la pêche le 7 mai prochain. Alors le régicide a été tenaillé aux mamelles, aux bras, aux cuisses et au gras des jambes. Sa main droite, qui a tenu l’arme du régicide, on l’a brûlée du feu de soufre. Et sur les parties prises en tenaille, on a jeté du plomb fondu, de l’huile bouillante, de la poix, de la résine brûlante, de la cire et du soufre fondus ensembles.
Et puis la foule s’est jetée sur le cadavre, « facho ! facho ! ». Dans sa clairvoyance, la foule est toujours assoiffée de justice. Alors, le bon peuple a éparpillé les restes de Ben Laden Ravaillac. Des gourmands ont mordu dans sa chair. Il n’en est rien resté. Plus une miette de son corps ! Plus de corps, je vous dis !
Bon, ce n’est pas tout, Anne d’Autriche m’attend, je dois lui faire deux enfants.
Sous peu, je serai mûr pour commettre un ou deux meurtres civilisés.
Bientôt, je serai prêt à un coup d’état raisonnable contre ma mère.

Et quand je serai débarrassé de maman, je m’éclipserai derrière le cardinal Richelieu, je me montrerai juste, et pieu, et catholique, et le Front National ne passera pas.
Cela ne m’empêchera pas de mourir prématurément : j’ai les intestins fragiles. Mais n’ayez nulle inquiétude pour la suite de la civilisation : je vous laisserai aux bons soins de mon fils, Louis XIV qui appelle d’ores et déjà à voter pour qui vous voudrez.
Et le bon Roi Soleil se fera une joie de ruiner le royaume, et ses sujets.
Laisser un commentaire