Extrait de Deux bébés et l’addition.
« Le col de l’utérus est une entrée vers l’habitacle des bébés (et des fibromes). Les intimes du col le surnomment Cervix. Personnellement, je préfère l’appeler Goulot. On le trouve au fond du vagin, tout là bas, oui, là où il fait noir. Sauf exception, les mâles n’en ont pas pour cause de discrimination positive, et parce qu’ils sont fabriqués à l’envers. Les femelles n’en ont qu’un pour cause de rationnement. Cependant, il n’existe pas de marché noir du col de l’utérus. Car l’utérus n’est pas une poche comme les autres, mon col c’est pas du boudin, ni de la panse de bovin, même si, à l’instar de l’ornithorynque, la vache vêle, oui, mais pas des oeufs.
Bactéries, archéens, passez votre chemin, cette réflexion utérine ne concerne qu’une partie des eucaryotes, et cela quand bien même nous, branches principales de l’arbre de vie, nous avons un ancêtre commun, Luca l’Italien.
Last Universal Common Ancestor, qui fit des uns des bactéries, des autre des archéens, de certains des ornithorynques, nous dota aussi d’un col de l’utérus, qui jouit de deux orifices : l’exocol, conclusion tragique du vagin, et l’endocol, introduction dramatique de l’utérus. Sauf accouchement imminent, ces orifices sont habituellement fermés comme le goulot d’une bouteille non encore entamée. Le col sécrète du mucus, appelé glaire cervicale.
Mais ces sécrétions n’ont rien à voir avec le cerveau, autrement on les appellerait glaires cérébrales ; elles ont à voir avec le Cervix, ne sont pas si intelligentes qu’il y paraît, malgré leur texture de yaourt nature. Peu ragoûtantes, les glaires n’empêchent pas le coït, voilà donc des spermatozoïdes qui traversent le vagin à couilles rabattues, puis empruntent, sans réfléchir, le canal du col de l’utérus pour se rendre à un casting, toujours les castings.
Neuf mois plus tard (un peu plus chez l’éléphant), accouchement, éventuellement d’un éléphanteau. Chez la femme, l’éléphanteau doit passer le col de l’utérus à l’envers.
Dans la première phase de la mise au monde, le col s’ouvre, se dilate jusqu’à s’effacer totalement pour permettre à l’élu de sortir de l’utérus. Babar entame alors la traversée fantastique, celle du bassin, pour remonter à la surface. Car la naissance n’est pas une descente, mais une Ascension, même à la Toussaint. Pour naître, Babar, sa cousine Céleste, et le vieux Cornélius ne descendent pas, ils remontent. Même si vous accouchez debout, même quand vous êtes un rhinocéros. Voilà tout. Vous accoucheriez la tête en bas que ça n’y changerait rien. Rien du tout. C’est pareil pour le dentifrice.
Les premiers accouchements sont souvent très longs, spécialement chez les tubes de dentifrices : ils ne se vident jamais totalement de leur progéniture fluorée.
Mais moi, je l’aime bien, le col de l’utérus. Quand on souffre du tube de dentifrice, on réalise à quel point c’est important d’être en bonne santé, alors on aime mieux ses organes.
Le col de l’utérus est un organe de haute précision que j’admire beaucoup, spécialement chez François Hollande et Nicolas Sarkozy, j’adore leur regard de nouveaux-nés, leurs yeux sont immenses, des yeux de mouches, pleins de questions qu’on ne se pose plus et de réponses qu’on a oubliées.
François Prunier says
Drôle et poétique, bravo ! Ca c’est du Bessora…
Mais le livre est sorti avant que François Fromage et Nicolas Sarcophage soient élus président, non ? L’excellente dernière phrase ne serait-elle pas un ajout ?
(toujours pas internet à la maison, grr…)
François Prunier says
Drôle et poétique, bravo ! Ca c’est du Bessora…
Mais le livre est sorti avant que François Fromage et Nicolas Sarcophage soient élus président, non ? L’excellente dernière phrase ne serait-elle pas un ajout ?
(toujours pas internet à la maison, grr…)
le vrai et seul Bruno says
Certains diront que c’est plein d’humour, mais vous faites simplement la description d’un accouchement. J’ai l’impression de lire un livre de Laurence Pernoud. Vous auriez du l’intituler :
« J’élève mon enfant, l’addition est salée « .
JNVSTP
le vrai et seul Bruno says
Certains diront que c’est plein d’humour, mais vous faites simplement la description d’un accouchement. J’ai l’impression de lire un livre de Laurence Pernoud. Vous auriez du l’intituler :
« J’élève mon enfant, l’addition est salée « .
JNVSTP