D’après certains humanistes, le Rom est un mammifère pré-pubère, mais des entomologistes le prétendent un insecte, proche du cafard. En tout état de cause, le Rom, au nombre de 17.000, est une espèce protégée, comme la moule d’eau douce ou l’Indien d’Amérique.
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Il s’agit ici d’une circulaire. Prévue par le gouvernement de la République, elle stipule l’expulsion du Rom, puis son hébergement dans un centre prévu à cet effet, et son emploi dans un métier fait pour lui.
Le problème posé, à Jean-Jacques Rousseau et aux humanistes, est que cette circulaire n’est qu’à moitié respectée : expulsé des espaces privés, le Rom est rarement relogé dans les termitières réservées aux Roms, SDF, puces, tiques et autres parasites protégés. Et aussi on ne lui propose pas l’emploi qu’on lui doit, celui de balayeur.
Pourtant, nous disent la gauche et le secours catholique, le Rom est un enfant de Dieu et ferait un très bon Français. À ce titre, il peut tout à la fois aller à la messe le dimanche, pour se repentir de ses péchés, et se laisser dissoudre dans notre République, signer notre contrat social.
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Pas d’accord, Voltaire sort de la tombe, et les entomologistes de leurs gonds, comme ma voisine de palier. Et ils argumentent : le Rom ça pue, ça excède le riverain, ça pique mon tapis de salle de bain, ça spolie mon voisin, ça vole le linge qui sèche sur les pelouses, ça fauche les nains de jardin, ça n’est intéressé ni par l’école ni par la laïcité, ça n’est pas soluble dans la République, le Rom, même avec de l’acide chlorhydrique.
Au tour des spécialistes ès Rom, maintenant, gentils rassemblés en troupeau de s’exprimer. D’abord, ils affichent les gueules parfaites de leurs emplois jolis, archétypes de leurs nobles fonctions : directrices d’école au poil blanc et à la lunette intelligente, pas de rouge aux lèvres surtout, journalistes bien peignés pour faire sociologue, mal rasé pour ne pas faire trop propre, barbes grisonnantes pour marquer la sagesse, et, dans la famille de ces gentils je demande le photographe, l’ethnologue de terrain, héros moderne à la quarantaine ténébreuse et sexy, lui le Rom il peut t’en parler, il a fait 3 semaines de caravane, sur le terrain, donc, à prendre des photos, pour les diffuser dans la presse, surtout celles pour lesquelles le Rom avait dit non, pas celle-là, alors il est un peu fâché le Rom de n’avoir pas été entendu, mais allez, ça lui passera, va, bouderie d’enfant, les gentils sont là pour son bien même contre son gré.
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Et le gentils de conclure, oui, le Rom est comme nous (mais nous, on n’est pas comme lui), le Rom veut aller à l’école (mais l’école ne veut pas aller au Rom), le Rom on peut l’absorber, il veut appartenir à la France, le Rom, comme les Ritals, les Bretons et les Nègres avant lui, anciens enfants, eux aussi, dont Jules Ferry avait raison de dire Les races supérieures ont le devoir de civiliser le Rom inférieur.
Car qui ne rêve pas de devenir Français ? nous disent Mélenchon, Montebourg et Le Pen. Le monde entier en rêve, la gauche et la droite ont à ce sujet un fantasme commun. Mais là où la droite voudrait épargner aux étrangers la nationalité supérieure, la gauche voudrait les forcer à se convertir à la citoyenneté universelle.
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Parce que nous, on n’est pas des Allemands, nous.
Les Allemands, eux, sont une ethnie.
Chez eux, c’est le sang et la race, chez nous pas du tout. C’est vrai, le type qui a inventé les races était un Parisien du nom de Bernier, fils du siècle 17, précurseur d’atrocités ultérieures. Mais nous, on a peut-être eu Gobineau, n’empêche qu’on n’est pas des Allemands, nous, nous on a Omar Sy.
Omar Sy est gentil, il sourit tout le temps, Omar, il a les dents blanches et des enfants pâles, Omar, un modèle d’intégration.
Alors pourquoi pas le Rom ?
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Et moi, femelle résultant d’une hybridation contre nature, écrivante esquivant les giclées d’acide à dissoudre dans la République monolithique, je me demande, si j’étais rom, voudrais-je aller à l’école me frotter à des petits cons qui sentent le savon et qui me toisent d’en bas parce que j’ai les cheveux sales ?
Est-ce que, comme les intégrés, j’appellerais de mes vœux les broyeuses de la République incurable, celle qui vous intègre au choix dans le rôle de chômeur, d’exploiteur, d’esclave salarié, de charitable affamé, de chair à bénévolat, d’ambassadeur auto-proclamé d’inférieurs qui ne parlent jamais ?
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Car le Rom, source de troubles aussi graves que les massacres d’Afghanistan, n’est jamais l’invité vedette des plateaux télé dont il est le sujet d’inquiétude.
Le Rom, on parle à sa place, on pense pour lui, on ne sonde jamais son opinion.
C’est que, selon une vieille hallucination collective et diffuse, le Rom n’a pas tout à fait un esprit, à peine plus en tout cas qu’une huître ou qu’un cafard.
Alors un Rom, on ne lui demande rien, et d’emblée on lui impose. D’avance on sait pour lui, toujours on décide à sa place. Et, avec nos bouches en cœur de petits-bourgeois, séparatistes prétendument avides de rassemblements, obscurantistes soi-disant éclairés par le grand siècle, on commente les expulsions, on analyse les potentiels d’intégration, on décrypte les preuves d’assimilation, et tout ça dans un entre soi puant le renfermé, nos égos monstrueux masqués par un altruisme factice, notre humanisme méprisant insidieusement tout ce qui diffère de nous, eux, donc, indigènes, bons ou mauvais sauvages, Roms, victimes ou bourreaux, et même les Allemands, au bout du compte tous les cafards insolubles dans notre 5ème République imbue de sa supériorité rance.
Intégration, je te vomis.
le vrai et seul Bruno says
Le rom est-il soluble dans la république. Il est évident que non.
Le voisin d’un voisin qui connait la belle-sœur de son voisin de palier, enfin c’est quelqu’un qui m’a dit, que celle-ci c’était fait voler son nain de jardin alors qu’une caravane de manouches passait par là. Voyez comme le rom est perfide et sans cœur. Il commet des crimes atroces qui laissent nos compatriotes dans le désarroi. Un autre voisin m’a dit qu’il avait essayer de communiquer avec le chef de clan, mais celui ne parlait pas tout à fait français. Comment voulez-vous que nous nous entendions ? Il est nécessaire de faire une partition des différents pays où se trouvent les roms, afin de leur permettre de se développer comme des humains.
JNVSTP.
le vrai et seul Bruno says
Le rom est-il soluble dans la république. Il est évident que non.
Le voisin d’un voisin qui connait la belle-sœur de son voisin de palier, enfin c’est quelqu’un qui m’a dit, que celle-ci c’était fait voler son nain de jardin alors qu’une caravane de manouches passait par là. Voyez comme le rom est perfide et sans cœur. Il commet des crimes atroces qui laissent nos compatriotes dans le désarroi. Un autre voisin m’a dit qu’il avait essayer de communiquer avec le chef de clan, mais celui ne parlait pas tout à fait français. Comment voulez-vous que nous nous entendions ? Il est nécessaire de faire une partition des différents pays où se trouvent les roms, afin de leur permettre de se développer comme des humains.
JNVSTP.
Florence Duarte says
BRAVO et MERCI
Florence Duarte says
BRAVO et MERCI
François Prunier says
Les affamés de charité cherchant de la chair à bénévolat accepteraient-ils d’aider un auteur en instance de divorce et travaillant dans une entreprise en péril qui n’est pas rom ?
Non, mais, je demandais, juste…
Quel style vibrant de colère !
François Prunier says
Les affamés de charité cherchant de la chair à bénévolat accepteraient-ils d’aider un auteur en instance de divorce et travaillant dans une entreprise en péril qui n’est pas rom ?
Non, mais, je demandais, juste…
Quel style vibrant de colère !