Enfin, je trouvai la plage dont j’avais tant rêvé. J’y imprimai mon empreinte, car il convient de donner à sa découverte une forme originale pour l’élever au rang d’oeuvre de l’esprit. J’y plantai mon drapeau, et je m’y photographiai. Je m’envoyai cet autoportrait par la poste, en recommandé avec accusé de réception.
Un mois plus tard, je m’apprête à communiquer mon oeuvre de sable au public, à la fixer par imprimerie, gravure, photographie ou moulage. Et voilà qu’une silhouette maligne se profile à l’horizon de ma plage. Un plagiaire ? Si tel est le cas, l’enveloppe que je m’envoyai tantôt me protège, elle contient mon oeuvre photographiée, cachet de la poste faisant foi : j’ai eu l’idée de cette plage avant ce plagiaire potentiel.
Peu à peu il se détache de l’horizon… Monté sur une bicyclette probablement volée, il porte un pantalon beige, son torse est nu, sans doute pour détourner l’attention des créateurs qu’il spolie
Bien entendu il ne montre que son dos : les plagiaires ne souhaitent pas être reconnus. Je lui hurle quand même mes droits moraux et patrimoniaux.
– Prend garde plagiaire ! Du seul fait de sa création, je jouis sur ma plage d’un droit de propriété incorporelle exclusif et opposable à tous !
Mais il roule vers moi, à reculons pour dissimuler son visage. Ses épaules sont faites pour la contrefaçon. Va-t-il frauduleusement tenter de reproduire ma plage ? Et s’en attribuer la paternité ? Son coup de pédale est si cruel que je n’en puis douter. Et s’il voulait attenter à mes jours ?
– Viens me massacrer pourriture ! Mon droit moral sur ma plage n’en est pas moins perpétuel, inaliénable et imprescriptible ! Quant à mes droits patrimoniaux, ils courront 70 ans après ma mort.
Le voici près de moi. Il descend de sa monture. De face, il me sourit.
– Plagiaire ? s’étonne-t-il. Un plagiaire est un voleur d’enfant, pas de plage. Ou alors c’est un homme qui débauche et recèle les esclaves d’autrui. Plagiarius... cela nous vient de la Rome antique.
– Romantique… Ne me prenez pas pour une imbécile. Voyez, ce pli cacheté et recommandé date du mois dernier. Il contient une photo de moi sur ma plage. Il est la preuve de ma création, et de mon antériorité sur vous. Je m’y connais en droits d’auteur. Je suis syndiquée. Je ne suis pas de ces écrivains qui paieraient pour devenir esclave chez le premier éditeur venu.
– Un plagiaire est donc bien un trafiquant d’esclaves.
– Certes, nous ne manquons pas de Nègres dans la profession, mais enfin sache quand même que toute reproduction de ma plage faite sans mon consentement est illicite.
Et je brandis encore le courrier scellé prouvant mon antériorité.
– Je me suis envoyée cette lettre à moi-même le mois dernier : j’étais déjà là à cette date.
Il me rit au nez. Refuserait-il de me croire ? Me prendrait-il pour une mythomane ! Je décachette mon enveloppe pour lui prouver ma bonne foi, et retire ma preuve de son écrin. Ses pupilles s’embrasent d’une lueur diabolique.
– Pauvre nouille d’auteur, profère-t-il.
Et il m’apprend qu’il s’est lui-même déclaré l’auteur de cette plage à l’Institut National de la Propriété Intellectuelle, hier matin, soit vingt-neuf jours après ma prise de possession des lieux. Mais comme j’ai à l’instant détruit ma preuve d’antériorité sous ses yeux, il est désormais le premier auteur connu de cette plage, et compte l’exploiter et m’en faire payer le droit d’usage. Car il n’est pas plagiaire, il est plagiste. Une station balnéaire appelée Arthaud & Flammarion l’emploie, et ceci malgré moult protestations contre les privilèges dont il abuse sur la côte de Saint-Germain des Prés, où travaillent beaucoup de Nègres.
Le vrai et seul Bruno says
Je n’y comprends strictement rien. Qui plagie qui ?
JNVSP
PPDA
Le vrai et seul Bruno says
Je n’y comprends strictement rien. Qui plagie qui ?
JNVSP
PPDA
Lustucru says
Qu’est-ce qu’il a contre les nouilles, celui-là ?
C’est beau, une nouille. C’est riche, une nouille.
Je compatis à votre mésaventure, étant l’inventeur du spaghetti soplié par Panzani.
Vous croyez-vous que les italiens ont inventé le Nutella ? Faux ! C’était un bon produit de nos terroirs gaulois appelé « Tartinette » qui a été racheté à la fin des années 40 par les macaroni, mac à Rosny (hi hi).
Bref, je n’irai pas jusqu’à dire que « La propriété, c’est le vol » mais que le vol c’est le propre de l’éditeur, ça oui !
Lustucru says
Qu’est-ce qu’il a contre les nouilles, celui-là ?
C’est beau, une nouille. C’est riche, une nouille.
Je compatis à votre mésaventure, étant l’inventeur du spaghetti soplié par Panzani.
Vous croyez-vous que les italiens ont inventé le Nutella ? Faux ! C’était un bon produit de nos terroirs gaulois appelé « Tartinette » qui a été racheté à la fin des années 40 par les macaroni, mac à Rosny (hi hi).
Bref, je n’irai pas jusqu’à dire que « La propriété, c’est le vol » mais que le vol c’est le propre de l’éditeur, ça oui !
Rouletabille says
Je connaissais Martin Mystère, la série des Martine, Martin Roi… mais pas Martin le Malin ! C’est vrai qu’il est malin ? Parce que franchement, il a vraiment l’air con, avec sa culotte courte…
Rouletabille says
Je connaissais Martin Mystère, la série des Martine, Martin Roi… mais pas Martin le Malin ! C’est vrai qu’il est malin ? Parce que franchement, il a vraiment l’air con, avec sa culotte courte…
Jean-Luc says
N’ouvrez donc JAMAIS les lettres recommandées que vous vous envoyez à vous-même !
Jean-Luc says
N’ouvrez donc JAMAIS les lettres recommandées que vous vous envoyez à vous-même !
Inuit says
Bon… c’est sûr que si on n’y connait rien en droit d’auteurs… M’en vais relire mon code la propriété intellectuelle.
Inuit says
Bon… c’est sûr que si on n’y connait rien en droit d’auteurs… M’en vais relire mon code la propriété intellectuelle.
Vanessa says
C’est drôle cette idée de la plage qui serait une oeuvre d’art. Une plage qui serait un livre, un film, une sculpture ou… de l’art contemporain. Avec derrière l’auteur parano qui a toujours peur qu’on lui pique son idée; Mais il ne faut jamais déballer ses preuves à la plage ! On ne les ouvre qu’au tribunal ou devant un huissier !
Et vous nous mettez de la poésie là-dedans madame Bessora. Joli.
Vanessa says
C’est drôle cette idée de la plage qui serait une oeuvre d’art. Une plage qui serait un livre, un film, une sculpture ou… de l’art contemporain. Avec derrière l’auteur parano qui a toujours peur qu’on lui pique son idée; Mais il ne faut jamais déballer ses preuves à la plage ! On ne les ouvre qu’au tribunal ou devant un huissier !
Et vous nous mettez de la poésie là-dedans madame Bessora. Joli.
Gaboma2010 says
Plume Sublime ! ça ne rime pas mais ça du sens.
Gaboma2010 says
Plume Sublime ! ça ne rime pas mais ça du sens.
Le seul et vrai Bruno says
Vous êtes tous des lèches-cul.
JNSVP
PPDA
Le seul et vrai Bruno says
Vous êtes tous des lèches-cul.
JNSVP
PPDA