Au nom de tous les miens, personnes fictives ou personnages de tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ©, aventuriers du prĂ©sent ou hĂ©ros du passĂ©, Loana, Cyrano, DSK et autres Blanche-Neige, au nom de toutes les crĂ©atures qui ont servi de viande Ă des crĂ©ateurs plus ou moins inspirĂ©s et Ă des crĂ©ations plus ou moins fictives, films, pièces de théâtre, Ĺ“uvres romanesques, films d’animation ou torchons biographiques, moi, Sleeping Beauty, j’accuse en bleu.
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Prenez mon ami Cyrano. Il plut au bon peuple de le voir dĂ©peint en hĂ©tĂ©ro patriote. Que la mĂ©nagère de moins de cinquante ans se le dise : ça va lui faire mal au cul, mais oui, Savinien Ă©tait pĂ©dĂ© comme un phoque. Et que le mari de la mĂ©nagère, mochetĂ© qui se rĂŞve aux bras d’une jeunesse sublime, le sache Ă©galement : Roxane est Ă peine sa cadette, et des cors lui poussent aux orteils.
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Prenez maintenant Loana, au sens figurĂ©, SVP. Il plut au bon peuple d’y voir une bimbo de piscine, poupĂ©e gonflĂ©e dont rĂŞve le mari de la cinquantenaire gonflante. Que la mĂ©nagère et son mari l’entendent une bonne fois, Loana n’est pas celle qu’on croit, elle a aussi ses problèmes, Loana, avec la mĂ©taphysique et avec la cellulite, alors ne rĂŞvez pas, ne soyez plus jaloux, et foutez-lui la paix avec votre compassion de salon. Loana n’est pas Sleeping Beauty !
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Certes, il y a des contre-exemples. Prenez DSK, il est peut-être pire qu’on imagine. Sans doute, Welcome to New York, dernier navet d’Abel Ferrara, n’a ni queue ni tête. Cela dit, le vrai DSK ne rechignait pas, dit-on, à fourrer la sienne dans la figure de n’importe qui. Mais depuis, le satyre a subi une castration médiatique. Pour autant, ne pas confondre Depardieu, Devereau et Dominique, et, si possible, accompagner les navets de couscous et de boulettes, Kefta de préférence.
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Venons-en à moi, maintenant, si vous le voulez bien. Depuis Charles Perrault, mon sort est des plus tragiques. Sleeping de mon prénom, Beauty de mon nom de famille, je serais une pauvre princesse. Née d’une gentille couille, celle du bon roi Stéphane, j’aurais été envoûtée par Maléfique, je serais blonde, bête à manger du foin ou du fion, et j’aurais la voix haut perchée, pire que Blanche-Neige. J’en arrête là , mais je pourrais allonger la liste. Il plut au bon peuple, à la ménagère de 48 ans, à son mari et à leurs enfants, de me voir animée en dessins, mes lèvres pures baisées par le charmant Philippe, qui me fit de nombreux enfants, paraît-il.
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Sachez deux ou trois choses : mon père était un salaud, Maléfique fut ma marraine, et son amour, seul sincère, me sauva du sort que, dans un moment d’égarement elle me jeta. Quant à moi, la vérité, je suis docteur en physique nucléaire. Jamais de ma vie je n’ai épousé Philippe, il avait trop mauvaise haleine. Mon époux est un homme de petite taille, il s’appelle Grincheux. Nous avons un enfant, hors mariage, et la fée du hasard, se penchant sur son berceau, fit à notre fils don d’une trisomie 13+21, afin de nous garantir sa gentillesse sincère.
François Prunier says
Ces personnages imaginaires ont finalement autant et souvent plus de rĂ©alitĂ© que nous…